Comme dans nombre de pays occidentaux, l’affligeant spectacle électoral tente désespérément de masquer l’entrée dans une crise de régime. Ses ressorts, extrêmement profonds, sont connus, mais perpétuellement occultés par les discours rassurants et démagogiques qui se démarquent les uns des autres par l’ampleur du déni qui les soutient.
- Chacun sait, pour s’en réjouir ou s’en affoler, que nos sociétés sont en train d’opérer des transformations titanesques et fulgurantes. Le développement incontrôlé de la techno-science et ses promesses de toute-puissance dans tous les domaines de la vie sont en train de bouleverser nos existences psychiques, anthropologiques, sociales, biologiques, écologiques – la destruction des ressources naturelles sape le cadre matériel millénaire de l’histoire humaine. Diversement liées à ces facteurs, les migrations humaines massives s’accélèrent, elles-mêmes causes et conséquences d’un réveil mondial des dynamiques ethnico-religieuses, dont l’islam est la pointe avancée. Les sécessions, les affrontements, les chaos qui s’enclenchent concernent toutes les échelles, du village aux continents, et les disloquent. Les mouvements d’émancipation qui pouvaient leur faire pièce semblent avoir disparu, cessant de contrebalancer des oligarchies qui accompagnent activement cette sortie de la modernité. Notre quotidien est tissé de ces ondes de choc qui nous viennent de l’avenir.
- Depuis quelques années, une partie croissante des populations occidentales et non-occidentales se refuse confusément à subir ce suicide civilisationnel. Cette réaction populaire multiforme et indéterminée est essentiellement conservatrice. Qualifiée de populiste, elle est, à ce titre, l’objet d’un discrédit total de la part des milieux médiatico-politiques. Leur propagande d’inspiration totalitaire, à la fois militante et oligarchique, impose le « bien- penser » comme condition de la paix civile pour faire accepter la course à la barbarie. Cette surréalité souriante s’appelle par exemple le « néo-libéralisme », le « multiculturalisme », le « post-modernisme », ou encore le « gauchisme culturel ». Elle craque aujourd’hui de tous côtés. C’est donc sans peine que les démagogues se posent en ennemis du Parti des Médias ou Parti de la Pacification et drainent les insoumissions populaires en se désignant comme le Parti de la Réalité – afin de la recouvrir à leur tour.
- S’il n’y a que l’intervention continue des peuples pour réorienter radicalement la marche de l’Histoire, nombre d’illusions tenaces les en empêchent encore. Il y a d’abord le mythe de la représentativité politique, dégradé aujourd’hui en culte de la personnalité providentielle : seule une délibération libre, contradictoire et passionnée de tous avec tous permettrait de sortir des ornières idéologiques. C’est ensuite la fausse opposition entre la « question identitaire » et la « question sociale » : les visées de justice sociale, de démocratie directe, d’égalité et de liberté telles qu’elles se sont déployées dans le monde entier depuis l’Occident, sont autant des racines culturelles que des horizons politiques. Elles appartiennent à tous ceux qui s’en réclament et constituent des critères distinguant les confusionnistes, les alliés, les adversaires et les ennemis. Enfin, last but not least, le mythe d’un niveau de vie croissant oriente encore tous les comportements. Il doit être détruit et ne le sera que par l’émergence d’un projet de société populaire qui saura renouer avec les limites, la responsabilité et la lucidité.
Les textes qui suivent veulent y aider.
- Les enjeux civilisationnels
Le tsunami démographique
Veut-on vraiment nourrir le monde ?
Comment l’oligarchie exacerbe la crise écologique
Décroissance et démocratie directe
Le tropisme des crises économiques depuis 40 ans
Quelle Europe ? Quelles menaces ? Quelle défense ?
Questions de méthodes : critères minimaux
Entrée en période troublée
Écoutons la colère de la France d’à côté
Violences et banlieues françaises
Sur les racines de la disparition de la pensée critique
Islamisme : concevoir l’impensable
- Les illusions oligarchiques
Keynésianisme improbable
Une illusion constitutive de l’Union européenne
« Au fond, la gauche pense que les électeurs du FN sont stupides »
Ce que nous appelons extrême droite
L’autogestion de la mystification
Le bras idéologique et séculier de l’oligarchie
Essor et faillite des réseaux de “troc” en Argentine : l’échec d’une refondation sociale
Sur les « convergences de luttes »
Notes sur le mouvement social d’octobre 2010
Les mouvements des « indignés » : potentialités, contradictions et perspectives
Occuper Wall Street, un mouvement tombé amoureux de lui-même
Contre la Constituante
L’antidémocratisme
Post-scriptum sur l’identité nationale
Périsse le consensus
La montée de l’insignifiance
L’offensive de l’insignifiance
Le « Cauchemar de Don Quichotte », une discussion symptomatique de la régression historique
- Critiques du système représentatif
2007, l’oligarchie s’affirme
Élections françaises 2012 : L’oligarchie à visage humain
La politique contaminée par la gestion
La démocratie contre les élections
L’élection organise une aristocratie
Donner sa voix ou prendre la parole ?
La démocratie directe contre la « démocratie représentative »
Principes du gouvernement représentatif
Les justifications théoriques de l’oligarchie
- Pour la démocratie directe
Introduction générale à la brochure « Démocratie directe : Principes, enjeux, perspectives »
La démocratie directe : projet, principes et adversaires
Petite histoire du tirage au sort en politique
La hiérarchie des salaires et des revenus
Anarchie et démocratie radicale : accords et désaccords
Enjeux politiques et anthropologiques du mouvement grec pour la démocratie directe
Qu’est-il possible de faire actuellement ?
Combattre le repli sur la sphére privée
Exclues, les nouvelles classes populaires s’organisent en « contre-société »
Pour des assemblées générales autonomes
Quand le Front national prospère sur l’aveuglement d’une gauche bien-pensante
Nous, immigrés arabes, face à nos choix politiques
Patriotes & révolutionnaires
Préliminaire à toute réflexion sur les troubles en cours et a venir
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