RÉSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE POPULAIRE DE LA PLACE DE LA CONSTITUTION [À ATHÈNES]
Le dimanche 3 juillet 2011
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1. BILAN – ETAPES SUIVANTES – PLACES PUBLIQUES : NOUS SOMMES LE MOUVEMENT DES PLACES PUBLIQUES.
Nous écrivons une page glorieuse de l’histoire de notre pays en occupant les rues et les places depuis quarante jours déjà !
Le système s’attend à ce que l’adoption du programme de moyen terme et de la loi d’application respective vide notre mouvement de sa substance.
Un mouvement survenu pour que nous puissions prendre notre vie en main ne peut pas s’essouffler. Ce mouvement ne peut pas s’essouffler parce que, dans ce pays, le peuple, les travailleurs, les biens publics, les plages sont vendues à nos créanciers ainsi qu’à nos « partenaires ».
La présence massive et vivace de notre mouvement s’avère aujourd’hui plus que jamais impérative « jusqu’au départ de tous ceux qui nous ont conduits à l’impasse ». Nous appelons toutes les assemblées populaires à travers le pays, sur toutes les places – ici ce sera sur la place de la Constitution – à coordonner leur réflexion les 9 et 10 juillet pour faire le point sur les progrès réalisé jusqu’à présent et pour planifier les prochaines étapes.
Nous exhortons chaque assemblée populaire à être représentée à son gré.
Dans le but d’un dialogue meilleur et plus enrichissant entre nous et via Internet, il est utile que chaque assemblée populaire s’exprime sur ces sujets de façon succincte et par écrit.
Il en va de même pour nous ici et, par conséquent, nous appelons à une participation massive à l’assemblée populaire de la place de la Constitution en vue d’une consultation de deux jours pour mardi et jeudi prochains.
Organisons-nous, coordonnons-nous, discutons, répondons-nous !
Ces quarante premiers jours ne sont que le début !
On ne lâche rien tant qu’ils ne partiront pas !
2. RÉSOLUTION SUR LES INCIDENTS DE MARDI ET MERCREDI DERNIERS [LES 28 ET 29 JUIN].
Durant ces deux jours, mardi et mercredi, nous avons été témoins d’un déchaînement de répression et de l’usage, sans précédent en Grèce depuis le retour de la démocratie en 1974, de gaz chimiques et asphyxiants par les forces anti-émeutes. La police grecque, au lieu de maintenir l’ordre et d’assurer la protection des citoyens, a fait exactement le contraire, en attaquant les civils, en déclenchant une guerre chimique et en provoquant – en retour – des incidents violents.
En tant qu’assemblée, nous dénonçons la violence, d’où qu’elle vienne.
Nous condamnons l’usage excessif de la force et le monstrueux usage par les forces anti-émeutes de produits chimiques interdits, tout en désapprouvant à la fois les actes de ceux qui commencent ou provoquent les incidents, en attaquant les forces anti-émeutes qui – à leur tour – en profitent pour attaquer le mouvement. Ces provocateurs, d’où qu’ils viennent, sont de véritables complices et partenaires du système et des forces anti-émeutes, car ils s’associent à ces dernières dans le but de torpiller l’initiative des gens qui veulent manifester pacifiquement.
Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas comprendre la réaction logique de tout citoyen qui, frappé brutalement et sans raison, se sent contraint de se défendre, de défendre sa dignité et d’user de son droit de légitime défense, un droit inhérent à tout être humain.
Nous espérons qu’à l’avenir ces phénomènes disparaîtront. Nous condamnons les excès de tous les partis qui ont prôné la violence, et en tout état de cause, l’invocation du prétexte de la confrontation avec les forces anti-émeutes comme justification de la destruction de biens publics ou privés, de devantures, de magasins, l’incendie de voitures et généralement, tout acte de destruction qui ne soit pas une réponse à une provocation. Ces actes sont dirigés contre des civils innocents qui sont nos alliés, et nous les dénonçons en tant que mouvement.
La Démocratie implique des responsabilités et nous les assumons. C’est pourquoi nous nous adressons à tous les citoyens, issus de tous les milieux, en les appelants instamment à respecter le principe élémentaire d’humanité et de bon sens à l’égard d’eux-mêmes et de leurs concitoyens.
L’AG de la place de la Constitution.
3. RÉSOLUTION SUR L’IMMATRICULATION DES CASQUES DES POLICIERS.
Nous exigeons le respect de la loi concernant l’immatriculation spéciale des policiers. Nous voulons que les numéros de matricule soient inscrits sur les deux côtés du casque, ainsi que sur les uniformes des agents de police et qu’ils soient lisibles même à une distance de dix mètres. Nous n’acceptons pas les reproches faits par la police concernant la dissimulation des visages des manifestants par des cagoules ou des masques, alors que les policiers n’ont ni visages ni noms. P.S. Il serait souhaitable que l’équipe juridique de la place nous conseille sur la façon dont nous pouvons l’exiger et le faire respecter.
4. AVERTISSEMENT A LA TROÏKA, AUX BANQUES ET AUX INVESTISSEURS, TANT LOCAUX QU’ÉTRANGERS, QUI CONVOITENT LA PROPRIÉTÉ NATIONALE DE LA GRÈCE.
Le gouvernement grec, totalement délégitimé et despotique, et ne représentant aucunement le peuple du pays, vient d’adopter des projets de lois en vue de mener à bien la vente de la propriété foncière grecque ainsi que de pans du territoire national, à l’insu et contre toute volonté de la grande majorité du peuple.
Nous tenons à avertir ceux qui entrevoient une occasion d’investissement, que nous sommes sur le point de renverser le gouvernement, qui sera bientôt amené à rendre compte de ses crimes contre le peuple et le pays.
Ses signatures et ses projets de lois sont nuls et non avenus. Le peuple grec ne les a pas validés et ne les reconnaît évidemment pas.
Nous avertissons tout investisseur potentiel de ne pas oser envisager de participer à des enchères ou à la liquidation de biens publics et territoriaux, et encore moins de surenchérir et d’acheter.
D’ailleurs, une fois que la souveraineté nationale du peuple sera rétablie, ceux qui auront participé à de telles ventes de propriété publique seront aliénés de leur objet d’achat sans remboursement des sommes versées pour ces opérations illégales.
Au surplus, nous les prévenons que, durant le processus de retour du contrôle aux mains du peuple grec, dans le cadre de la défense de nos droits tels qu’ils résultent de la Constitution mais aussi tels qu’ils sont inscrits dans les droits internationaux des peuples et des individus, nous œuvrerons pour rendre caducs de fait les actes de vente et saboter l’investissement éventuel, toujours à l’appui de notre auto-organisation.
Qu’aucun investisseur potentiel ne profite de l’occasion de participer aux plans de liquidation de la propriété publique, sous peine d’avoir à faire face aux conséquences d’une telle décision : en Grèce, la suppression des libertés publiques a forgé historiquement la conscience révolutionnaire et a été à l’origine d’actions d’héroïsme national.
L’AG de la place de la Constitution
5. RÉSOLUTION SUR UN RÉFÉRENDUM PANHELLÉNIQUE.
Le gouvernement et le Parlement ont tout bonnement annulé le premier principe de la démocratie. Ils décident et agissent contre la volonté déclarée du peuple grec, dont ils ont extorqué le vote par des promesses sur lesquelles ils sont depuis revenus.
Ils ont récemment réitéré leur politique scélérate en votant le programme de moyen terme et sa loi d’application, à la faveur de la répression des milliers de gens mobilisés pour dénoncer et empêcher le crime qui est en train d’être commis contre notre pays et son peuple au moyen d’une violence sans précédent exercée par l’Etat.
Face à cette abolition provocante de la légitimité démocratique, les représentants institutionnels du peuple grec et le premier d’entre eux, le président de la République, soit restent silencieux soit se contentent d’émettre des protestations symboliques et sans vigueur. Le peuple et la démocratie sont laissés sans défense. C’est une honte et une trahison.
L’assemblée populaire de la place de la Constitution appelle le peuple grec, en Grèce et à l’étranger, et tous ceux qui vivent dans notre pays à prendre la démocratie en main, et à exprimer de façon unifiée et collective leur opinion politique quant à l’avenir du pays et de ses institutions démocratiques.
Nous avons décidé d’organiser un référendum panhellénique, qui se tiendra en novembre 2011 ; le scrutin sera assuré par les assemblées au niveau des quartiers ainsi que partout dans le monde où des Grecs se trouvent.
Le référendum portera sur deux thèmes :
a) Propositions sur la Démocratie : suggestions – plus ou moins abouties – d’amélioration, de changement ou de renversement des institutions démocratiques et du régime de la République hellénique.
b) Propositions sur l’Economie : propositions – plus ou moins abouties – dans le but de chercher une façon de faire face à la dette et à la crise économique qui ne le soit pas au détriment du peuple.
Le référendum se déroulera en deux étapes :
a) La première phase, qui commence dès maintenant et devra s’achever fin septembre, a pour but de formuler les questions du référendum. Cela se fera au moyen d’un large débat politique qui aura lieu à la place de la Constitution ainsi qu’aux autres assemblées locales, avec l’aide des groupes de travail respectifs.
b) La deuxième phase comprendra les suites du débat sur les questions définitivement formulées et prendra fin avec le vote et les résultats du référendum en novembre.
La création immédiate d’un groupe de travail composé de bénévoles a été également décidée ; ledit groupe soumettra un plan global pour la tenue du référendum (cadre politique, cadre organisationnel, budget et calendrier détaillé). Ce plan complet sera discuté et approuvé lors de la prochaine réunion.
Nous appelons les camarades des autres villes et districts du pays à coopérer afin que le référendum soit l’occasion d’un grand débat politique à l’échelle nationale et de l’expression politique des citoyens dans chaque ville et dans chaque quartier. Contre le système politique, les gouvernements, les banques, la troïka, les mesures d’austérité et ceux qui nous exploitent.
6. QUE FAIT-ON DORÉNAVANT ?
Deux grandes questions planent sur la place. La première est : qu’allons-nous faire maintenant ? L’autre est : comment faire ?
La réponse à la première question est donnée, comme pendant les quarante derniers jours, par la vie elle-même et les problèmes qui en ressortissent. Mais la solution résulte de la synthèse de toutes les opinions exprimées tant à la place de la Constitution qu’aux autres places. D’un côté, nous ne devons pas nous décourager si certains détails nous freinent. La vie a ses pauses. De l’autre, nous devons être patients et ne pas nous montrer pressés, afin que ce que chacun considère comme impératif se réalise. C’est là que réside le plus grand danger. Le plus dangereux, c’est l’expression de la violence interne. Ce sont les luttes intestines qui ont miné et sapé les plus grandes révolutions.
En ce qui concerne la seconde question, la réponse est également donnée par la vie elle-même. Le dilemme entre violence et non-violence est généralement faux, et comme il n’y a aucune vérité définitive, il n’y a pas de réponse définitive non plus. La vérité est désignée ad hoc chaque fois. Imposer par la violence l’opinion ou l’intention d’une personne ou d’un groupe sur une collectivité ou un mouvement populaire disqualifie derechef tout objectif de liberté et de libération affichés par cette personne ou ce groupe. Cette notion de violence constitue l’instrument que le système actuel utilise afin d’exploiter et de dominer les peuples.
Les instruments utilisés comprennent aussi l’objectif ; le système afin de dissimuler ses fins, tend à induire les gens en erreur tout en affirmant que « la fin justifie les moyens ».C’est le système lui-même qui essaie tout seul de justifier ses propres moyens, comme ces moines corrompus qui bénissaient la viande pendant le carême et la faisaient passer pour du poisson. Il en va de même de certains héritiers de cette mentalité, qui qualifiaient leurs propres camarades d’anti-révolutionnaires et les éliminaient au nom de la révolution, du prolétariat, du peuple.
Nous devons être attentifs à ce que des points de vue contradictoires soient entendus sur la place et soient traités avec respect et combattus par des arguments et non par des aphorismes ou des agressions verbales, ce qui minerait la confiance et la concorde instaurée entre nous.
La suppression des pensées-suggestions-idées est le plus grand ennemi pour un mouvement qui veut vraiment tourner la page de l’histoire et ne pas répéter les mêmes erreurs sous une autre forme. Les exemples provenant des pays de l’Est (et pas seulement de l’Est) sont nombreux. Dans ce contexte, nous sommes opposés aux façons de voir et d’agir des soi-disant casseurs, même si nous partageons leur indignation et leur reconnaissons le droit de se prononcer sur les décisions à prendre concernant le monde à construire.
Nous sommes contre ceux qui s’en tiennent à la violence externe et qui ne font pas face à l’ennemi le plus dangereux, la violence interne.
Enfin, un appel aux jeunes. Prenez-vous au sérieux et faites confiance en ce que vous ressentez vous-mêmes, puisque nous – les plus âgées de ce mouvement – amenons avec nous les travers du vieux monde. Acceptez-nous en tant que vos complices lents. Le monde vous appartient, parce que vous êtes l’avenir. A vous de réussir là où nous avons échoué
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