Nature humaine et humaines natures

Éléments d’écologie politique : Bonnes feuilles
vendredi 5 septembre 2025
par  LieuxCommuns

Début du chapitre II « Nature humaine et humaines natures » du livre de Quentin Bérard « Éléments d’écologie politique. Pour une refondation » (Libres&Solidaires, 2021), pp. 45 — 65.

Présentation et liens disponibles ici


Éléments d’écologie politique — Pour une refondation

Sommaire :

  • II – Nature humaine et humaines natures — Première partie, ci-dessous...
  • III – Histoire et contre-histoire de l’idée de Nature
  • IV – Sources sociales-historiques de l’écologie politique
  • Éléments de conclusion

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(.../...)

Nous nous étions quittés la dernière fois sur le constat, déroutant, d’une histoire écologique de l’humanité témoignant aussi bien de pillages, destructions et dévastations massives des éléments naturels que d’établissements de rapports équilibrés et complémentaires, au point de faire apparaître de nouvelles espèces, de nouveaux milieux, de nouveaux paysages, bref : une nouvelle écologie de la planète. D’où la question qui va nous retenir aujourd’hui : qu’est-ce donc que cet animal si étrange qui semble appartenir en plein à sa matrice naturelle et lui échapper en permanence ? J’avais posé une comparaison : Homo sapiens serait au monde de la vie ce que la vie elle-même est au monde minéral, c’est-à-dire une sorte de réagencement du donné selon des principes radicalement différents aboutissant à des processus d’une absolue nouveauté. Quel est donc ce monde humain, singulièrement différent à la fois des phénomènes apparents de la vie – phénomènes encore difficilement pensables – et du reste de l’univers – lui-même nimbé d’un épais mystère ?

Il va donc être question de la « nature humaine ». Le terme est tombé en désuétude et fait pousser de hauts cris depuis des décennies, comme si la question était réglée ou inepte – en réalité, c’est là un des signes indubitables de l’avachissement de la pensée contemporaine ou plutôt de son évanescence. Quoi que vous disiez, pensiez ou fassiez, cela présuppose une conception de l’être humain, qui ressurgit d’ailleurs dès qu’on discute un tout petit peu. Et aujourd’hui, les conceptions de la « nature humaine » sont d’une rare indigence, y compris et surtout lorsqu’il est question d’écologie politique : tantôt nous ne serions, au fond, que des animaux comme les autres, inexplicablement égarés, tantôt des consommateurs-nés ou des demi-dieux en transition, tantôt encore des ordinateurs reprogrammables à volonté, etc. Il faut donc rouvrir la question, la travailler, sans espérer une conception close et définitive – c’est justement la question, comme on va le voir.

Comme la dernière fois, je ne propose qu’une synthèse, forcément orientée certes, qui souhaite seulement constituer une incitation à penser. Je vais aborder la chose sous l’angle des disciplines contemporaines – biologie humaine, psychanalyse, ethnologie –, qui me semblent des sources capitales pour former une sorte d’introduction au questionnement philosophique millénaire sur la « nature » humaine. Le domaine est immense et remplit des bibliothèques ; je vais me restreindre à aborder la chose sous l’angle « écologique », c’est-à-dire des rapports de l’humain avec la nature et sa nature – vous verrez que ce n’est pas qu’un jeu de mots – mais cela va nous conduire quand même relativement loin. Je prends comme point de départ la théorie de la néoténie, injustement méconnue, pour aborder les trois strates de l’être humain, naturelle, psychique et culturelle qui interrogent, ensemble ou chacune prise isolément, la simple dualité humain-nature.

Le principe de néoténie

Je suppose connu le processus d’hominisation qui s’étale sur 7 millions d’années, à partir de nos ancêtres communs avec les chimpanzés : la conquête progressive de la bipédie, la dialectique main-outil-cerveau, la dilatation de la boîte crânienne et autres modifications morphologiques, lentes sophistications du langage, des interactions sociales, des techniques, etc. J’aborde la question sous un angle moins convenu, l’approche embryo-zoologique, avancée par un biologiste des années 1920-1930, Louis Bolk, à l’origine de cette théorie qui n’est aujourd’hui plus contestée, la théorie de la néoténie.

Un point de départ est la comparaison frappante des crânes fœtaux et adultes de chimpanzés et d’humains. Alors que chez notre cousin le changement saute aux yeux, nous conservons, adultes, les principales caractéristiques du fœtus primate : même aplatissement de la face, même hypertrophie du crâne, même absence de soudure des os, position basse du trou occipital, etc. Homo sapiens semble se distinguer par un ralentissement du développement qui fait naître le petit humain comme un hominidé morphologiquement immature : faiblesse de la musculature, rareté de la pilosité, absence de pouce postérieur opposable, non-fermeture des cloisons cardiaques, immaturité du système nerveux pyramidal, circonvolutions cérébrales sous-développées, etc. Comme si nous étions prématurés, on observe un ralentissement dysharmonique du développement intra-utérin de telle sorte qu’une gestation « aboutie » « devait » durer 18 mois : naissant à 9 mois, nous poursuivons notre développement ex utero, dans une totale dépendance à l’environnement immédiat. Nous conservons bien sûr, nous adultes, quantité de ces traits fœtaux ou plutôt juvéniles qui nous différencient nettement de nos cousins primates, tout en acquérant, très tardivement à la puberté, notre capacité reproductrice. Ce phénomène n’est pas exceptionnel en biologie : c’est la néoténie (de neo, nouveau, teinein, prolonger, étendre) dont le plus grand représentant est le célèbre axolotl qui, dans certaines conditions, reste à l’état larvaire tout en devenant sexuellement mature. L’espèce humaine est donc néoténique : nous sommes des singes physiquement inaccomplis, inachevés, des survivants d’un accident évolutif qui nous a empêchés de parvenir à un plein développement physique.

Ce n’est pas grand-chose, au fond, quelque pour cent de différences génétiques d’avec le chimpanzé, essentiellement des gènes de développement dont les expressions diffèrent – ASPM, HAR1, MYH16 – mais c’est une révolution aux conséquences multiples qui aboutit à la formation d’un nouveau type d’être vivant. Nouveau type que je vais aborder selon trois angles – naturel, psychique et culturel – et qui se caractérise par la nouveauté. Précisément, l’étymologie de néoténie implique une notion de nouveauté continue qui s’applique bien au-delà de la seule biologie : Homo sapiens est une erreur, une aberration, une création phylogénique étrange qui implique elle-même une ouverture permanente sur le nouveau, l’innovation, le changement, les commencements comme dirait Hannah Arendt. Mais commençons, justement, par le début.

1 – L’humain comme être naturel

Première conséquence de la théorie de la néoténie, c’est que l’être humain n’est pas un mystère complet, qu’il s’inscrit en plein dans la vie biologique, qu’il est un animal, en quelque sorte, comme un autre. C’est d’une plate évidence pour vous, et aujourd’hui, ça ne l’a pas été pendant des millénaires. Quelques mots là-dessus pour bien faire comprendre ce que cela implique.

D’abord Homo sapiens est le fruit de mécanismes évolutifs classiques. Vous connaissez sans doute l’histoire de l’occupation de la Polynésie : les premiers humains à y avoir migré ont dû traverser de larges étendues d’océans sur des embarcations sommaires, payant certainement un lourd tribut en vies humaines, et semblent n’avoir survécu à l’épreuve que ceux qui fixaient le mieux les graisses – d’où un taux d’obésité important aujourd’hui en Polynésie alors même que le régime alimentaire n’y a rien de particulier. Même chose pour la tolérance au lactose, normalement temporaire chez le petit humain, mais dont le déterminant génétique s’est répandu en Eurasie chez les populations pratiquant l’élevage. Un même processus semble s’être déroulé dans les environnements riches en arsenic ou en radioactivité, ne survivant, là encore au fil des générations, que les individus dont les organismes toléraient le mieux ces toxicités, ou ceux porteurs d’un allèle de la drépanocytose qui protège contre la malaria – d’où sa prévalence importante dans les pays concernés. Des mécanismes semblables, encore inconnus mais incontestables, semblent être à l’origine de l’inégale répartition des groupes sanguins chez tous les peuples de la planète, des complexes HLA (pour des greffes) ou encore des différences d’efficacité des médicaments selon les continents. Dans ces derniers cas on pense plutôt à la dérive génétique, c’est-à-dire l’effet du hasard. Pour d’autres caractères interviendrait plutôt la sélection sexuelle, c’est-à-dire la préférence « arbitraire », culturelle, donc non « naturelle », des partenaires pour certains traits physiques : pigmentation de la peau (modulo l’importance de la vitamine D, fixée par l’épiderme lors de l’exposition au soleil), forme des yeux, du crâne ou du visage, grosseurs des seins, angle pénien, pilosité, taille, etc. Là, nous sommes déjà dans l’interpénétration entre les mécanismes purement biologiques et ceux relevant de la culture… Ces éléments purement factuels heurtent les sentiments antiracistes contemporains qui se basent sur une fausse homogénéité somatique mais c’est une chose qu’il faut avoir en tête et dont on ne peut se débarrasser aussi simplement : étudier l’être humain comme un animal, c’est le faire entrer dans le giron d’un savoir objectif, loin de toutes considérations morales ou politiques a priori. En allant jusqu’au bout : le nazisme est le premier régime biologique de l’histoire – nous y reviendrons longuement en discutant écologie politique.

L’Homme hormonal, neuronal…

Sur un autre plan, nous portons en nous mille manières, réflexes, automatismes hérités de notre phylogénie de vivant, de vertébré, de mammifère, de primate, d’hominidé et qui ressurgissent quotidiennement. Vous connaissez tous ces expériences de psycho-sociologie amusante qui mettent en évidence des attitudes de conformismes groupaux, voire de grégarisme, qui n’ont pas grand-chose à envier aux reportages animaliers. C’est particulièrement évident concernant les comportements liés à la domination, à la soumission, à la fuite, bref aux conflits intraspécifiques. Il faut voir le joli film d’Alain Resnais, inspiré par les synthèses de Henri Laborit, Mon oncle d’Amérique (1980) qui interprète une histoire tout à fait banale faite d’affaires de mœurs, de problèmes professionnels, de choix délicats à la lumière de l’éthologie comportementale des rats. On peut trouver cela réducteur, et cela l’est effectivement, mais impossible de ne pas se sentir personnellement concerné. Impossible surtout dans le domaine de la sexualité, c’est-à-dire de la reproduction, une des particularités essentielles du phénomène de la vie. Qui osera dire qu’elle n’imbibe pas la quasi-totalité de notre vie psychique et même sociale ?… Plus profondément, l’influence des hormones est une autre évidence qui nous rappelle à notre animalité la plus pure : si je vous injecte à tous de la testostérone, ou de la dopamine ou des endorphines, vos comportements vont radicalement changer dans les minutes qui suivent. Même chose concernant vos circuits neuronaux… On a parlé à ce propos d’« Homme neuronal », mais on pourrait parler d’« Homme hormonal » ou « phéromonal » ou « génétique » ou même « microbien », etc.

L’influence environnementale

On pourrait aussi parler d’« Homme environnemental » car dans ce domaine aussi, l’être humain est soumis à des règles observables, sans retomber dans le climato- ou le géo-déterminisme que beaucoup de penseurs des Lumières ont invoqué pour expliquer la diversité humaine. Par exemple l’influence de l’eau est déterminante : la plupart des traces archéologiques de campements humains sont à proximité de cours d’eau, qui semblent avoir été des routes naturelles des sociétés préhistoriques. Nous avons vu la dernière fois que les premières grandes collectivités semblent s’être construites autour de fleuves et d’estuaires, formant les premiers grands empires organisés autour d’un bassin versant, le « despotisme oriental » de K. A. Wittfogel. La gestion de l’eau à cette échelle a entraîné une méga-organisation sociale, la méga-machine de Lewis Mumford, la formation d’un État impérial avec tout ce que cela implique. Idem pour la formation des empires thalassocratiques et surtout l’importance du bassin méditerranéen dans l’histoire humaine et, dans une mesure égale, de la « méditerranée extrême-orientale » qui borde la Chine, le Japon, la Corée. Aujourd’hui encore, l’emplacement de la plupart des grandes villes en portent la marque, à la confluence des grands circuits fluviaux et maritimes. D’autres vont plus loin comme David Cosandey, qui relie le découpage des côtes par la mer – espace libre par excellence – au degré de fractionnement des territoires et de développement des civilisations, et son analyse vaut le détour puisqu’elle permet de lire très pertinemment certains phénomènes contemporains. De même l’hypothèse de J. Diamond pour expliquer que le choc microbien ait décimé 90 % des Amérindiens et non les Européens lors de leur débarquement est séduisante : l’Eurasie étant globalement orientée est-ouest a favorisé la circulation millénaire d’agents pathogènes, d’où une immunité supérieure contre la grippe, la variole, la rougeole, le typhus en comparaison au territoire américain, dont l’axe Nord-Sud a cloisonné les sociétés humaines en zones éco-climatiques très différenciées. Je ne vais pas multiplier les exemples, mais ceux qui relient l’apparition du premier foyer néolithique au Proche-Orient à des considérations écologiques ont aussi des arguments à faire valoir : climat alors favorable de la région à une grande diversité d’espèces végétales (céréales) à la fois productives, nourricières et hermaphrodites (ce qui défavorise les croisements), à quoi répondent une variété et une continuité géographique favorisant la présence de grandes espèces animales, etc.

Adapté à l’inadaptation

Tout cela dresse le portrait d’un Homo sapiens comme un être de nature, par son histoire biologique, par son milieu intérieur, par sa dépendance au milieu extérieur et il serait impensable de ne pas le prendre en considération. Mais ce serait une erreur gravissime de croire qu’il n’aurait qu’à s’intégrer, en tant qu’animal, dans cet univers écologique dont il procède : l’humain est aussi, biologiquement, un animal dont l’organisme ne le prédestine à rien. Nous sommes naturellement des inadaptés. C’est la deuxième conséquence de la néoténie. Né inachevé, notre corps ne correspond à aucun milieu particulier. Certes, il semblerait que notre espèce ait émergé dans une transition forêt/savane, et que la perte de notre agilité arboricole se soit faite au profit d’une capacité à la course de fond – certainement la première méthode de chasse, par l’épuisement, que les San (Bushmen) pratiquent toujours. Mais nous ne sommes pourvus ni de crocs, ni de griffes, ni même de la musculature du cousin gorille – tout cela avait été parfaitement relevé par les mythologies, comme le montre très justement Dany Robert Dufour. L’appendice qui nous est propre, la main, est extraordinairement polyvalent : elle ne sert, en propre, à rien de particulier, et sert, de fait, à tout – frapper, prendre, tirer, caresser, lancer, etc. Idem pour le reste du corps : à le voir, impossible de le rattacher à un quelconque milieu, sinon à un climat relativement chaud, ni à une pratique particulière. Et pourtant, comme le note Jacques Ruffié, il est certainement le seul animal à pouvoir, à la fois, courir aussi longtemps, soulever des poids aussi lourds, grimper aussi bien et nager de manière fort honorable. À cette sorte de décathlon interespèces nous serions les meilleurs… La chose est identique concernant l’alimentation : nous faisons partie de ces rares spécimens absolument omnivores. Ou encore la sexualité : la grosseur intermédiaire de nos testicules comparativement aux autres primates nous place entre la monogamie stricte et la sexualité de groupe la plus débridée – ingrédient permanent de la comédie humaine – sans même parler de la dissimulation totale de l’ovulation chez la femme, trait distinctif d’Homo sapiens, qui invite à une copulation permanente. Nous n’avons donc aucune niche écologique prédestinée, et il est vain de chercher la « place de l’Homme dans la nature » – il n’occupe que celles qu’il prend, sans pour autant s’y fixer comme nous l’avons évoqué la dernière fois.

À cela correspond non pas un grand vide « instinctuel », mais une déstructuration, un chaos. Non pas que rien d’« inné » ne nous serait légué mais cet héritage bio-comportemental est infiniment et multiplement contrarié par notre développement cérébral. Venant au monde avec une boîte crânienne hypertrophiée protégeant un néocortex à la fois démesuré et immature, notre plasticité cérébrale nous rend bien plus déterminés par ce que l’on a emmagasiné lors de la prime enfance dans notre cerveau de mammifère que par notre cerveau reptilien. Autrement dit, nos « débris d’instinct », comme le note C. Castoriadis, sont fortement dé-fonctionnalisés. Il n’y a qu’à penser à notre sexualité qui, depuis bien longtemps, s’est émancipée des nécessités de la reproduction ou de la cohésion de notre groupe social. Pire encore, concernant l’agressivité, à la fois inhibée et démultipliée, au point que l’on puisse légitimement s’inquiéter, à la suite d’un Konrad Lorenz, de la capacité de notre espèce à se survivre à elle-même, en tant qu’espèce animale.

Comme vous l’avez remarqué lors de l’évocation des mécanismes évolutifs, la culture humaine intervient immédiatement, comme une sorte d’auto-évolution – on a parlé d’auto-domestication. Je reprends l’exemple de mon injection de testostérone : votre comportement va effectivement changer, mais il restera imprévisible. L’hormone pousse à la domination et à l’accouplement mais cela peut prendre mille formes différentes, qui s’exprimeront selon la situation, la personnalité, le psychisme ou la culture de chacun. Et on trouvera des exceptions à tout, tout le temps, plus ou moins explicables a posteriori. Il n’y a donc aucun déterminisme strict. D’ailleurs, lorsque vous multipliez les déterminismes, ils se contredisent : vos gènes vous poussent à vous reproduire, mais votre situation de dominé vous prive des ressources hormonales nécessaires ; vous pouvez être amené à vous mettre en danger ou à vous tuer pour la protection d’autres que vous, et même pas forcément des descendants, etc. Le généticien, le physiologiste, l’éthologue et l’écologue ne cessent de réclamer chacun de leur côté le monopole de votre comportement – il en résulte une complexité, des degrés de liberté où intervient, à tout le moins, l’aléatoire… Dernière remarque, et pas la moindre : ce qui fait de nous des animaux ne nous pousse pas nécessairement à des rapports moins destructeurs envers l’environnement naturel, au contraire même. Que l’on pense tout simplement à la démographie humaine, presque continuellement croissante depuis des dizaines de milliers d’années, et à la charge écologique qu’elle implique, ou à l’agressivité groupale inter- ou intraspécifique – on a vu des « guerres » entre bandes de primates –, ou encore à la surconcentration géographique entraînée par l’inégale répartition des ressources naturelles, etc.

Quelques éléments de bilan, pour conclure cette première partie : il est aujourd’hui impensable de dénier notre réalité animale, et de multiples déterminismes, intérieurs ou extérieurs, nous traversent et nous « agissent ». Mais même de ce point de vue strictement biologique, nous sommes largement indéfinis, instables, inadaptés et surtout sans aucune place fixe dans aucun écosystème que ce soit. En réalité, nous sommes, dès le départ, biologiquement, des animaux hyper-sociaux, parlants et outillés. Notre main elle-même n’existerait pas sans les proto-outils qu’elle saisit, et eux-mêmes sont inconcevables sans un cerveau hypertrophié pris dans un proto-langage et des relations sociales complexes. Imaginer un humain seul, les bras ballants, c’est n’avoir pas compris : c’est d’emblée une harde d’une vingtaine d’individus, avec des pierres ou des branches dans les mains, qui réagissent collectivement. Nous sommes immédiatement des animaux de culture, c’est-à-dire des organismes débiles qui ne doivent leur survie et leur succès qu’à l’invention d’un monde propre. Mais pour comprendre précisément les ressorts de cette tension avec la culture, il nous faut s’arrêter à la strate psychique, presque systématiquement escamotée.

2 – L’humain comme être psychique

Revenons à la néoténie pour bien saisir en quoi la culture humaine est fondamentalement différente des autres cultures animales, y compris celles des Hominidae qui nous sont les plus proches. Car il se déroule chez les humains un phénomène radicalement nouveau, à l’échelle du psychisme et il faut comprendre son émergence. Je vais me baser sur la seule hypothèse qui, à ma connaissance, permette un semblant d’explication, celle du psychanalyste Gérard Mendel. Dans ce qui va suivre, la question principale à se poser n’est pas : comment le sait-on ? Mais : avons-nous d’autres explications ? Mon propos va d’abord vous sembler éloigné de mon sujet, mais ce détour est nécessaire : c’est la formation de l’esprit humain, ou psychogénèse.

La psychogénèse humaine

Souvenons-nous du petit humain, qui naît en quelque sorte « trop tôt », en plein développement, inachevé, jeté dans le monde alors qu’il n’y est pas biologiquement préparé. Sur le plan physiologique, ses organes moteurs sont totalement immatures ; alors que le petit chimpanzé développe très rapidement une coordination des mouvements, cela prend, chez nous, des mois, des années, pendant lesquels nous ne pouvons pas, par nous-mêmes, agir, c’est-à-dire prendre, rejeter, manger, fuir, tirer, pousser, etc. En réalité, les choses sont plus compliquées puisqu’il s’agit plutôt d’un développement différentiel : en parallèle d’une immaturité motrice, les systèmes sensoriels, hormonaux et cérébraux sont comparativement plus matures chez le nourrisson. Autrement dit : il perçoit, ressent et désire sans pouvoir traduire tout cela en actes ou en comportements. Il y a d’un côté toute la vitalité d’un nouvel être qui surgit à l’existence et de l’autre une totale impuissance physique, tiraillement permanent source d’une tension extrême qui s’auto-alimente.

Ce décalage, cette « discordance sensori-motrice », serait donc source d’une énorme accumulation d’énergie à la fois libre, inemployée, et impossible à décharger. Cette tension s’accumulerait dans le néocortex, le cerveau, pour tenter de rétablir un semblant d’équilibre, de cohérence, de satisfaction face à cette gigantesque, insupportable et permanente frustration. Cela se ferait par l’élaboration d’hallucinations : dans l’impossibilité de vous déplacer, de vous nourrir ou de vous réchauffer, vous allez créer l’impression d’un déplacement, d’une satiété, d’un réchauffement, attachée à un affect de plaisir – et c’est la mère, bien sûr, qui va pallier cela, mais elle n’existe pas encore en tant qu’individu séparé, ni en tant qu’individu d’ailleurs, et même pas en tant qu’objet extérieur. Ce que vous ne pouvez faire, vous allez donc le rêver éveillé – éveillé ou pas d’ailleurs, puisque nous parlons là de l’indistinction du rêve et de la réalité, du principe fondamental du fantasme : créer un autre réel, satisfaisant, que l’on retrouvera largement dans le sommeil adulte. Voilà, rapidement décrit, le proto-psychisme humain : la création – création au sens le plus radical : faire être une chose qui n’existait pas – d’une réalité parallèle qui, à l’origine, vaut non pas autant mais bien plus que la réalité, est la réalité elle-même, constitue le réel in extenso pour le nourrisson. C’est dire l’importance première, nodale, fondamentale de l’imagination, qui implique, on le voit tout de suite, la primauté du plaisir de représentation sur le plaisir d’organe.

La monade psychique

Il n’y a donc ici aucune distinction entre la réalité et ce qui deviendra plus tard le fantasme ; cette différence n’existe pas chez le nouveau-né et on ne voit pas sur quoi il la poserait, ni qui ou quoi la lui expliquerait ni comment. En fait, le petit vit dans un univers total, indistinct, où son « désir » est confondu avec sa « réalisation », où envie et plaisir sont confondus, où les « choses » sont ce que l’on « veut » qu’elles soient, où monde extérieur et intérieur ne forment qu’un continuum indifférencié soumis à la pulsion. Aussi étonnant que cela paraisse, le nourrisson vivrait dans une totalité, une unité, une unicité sans phrase, un « Moi-tout » aussi appelé une « monade psychique », une continuité, un cosmos où le pulsionnel se confond en permanence avec le réel, un sentiment de toute-puissance puisqu’il n’existe aucune séparation ni distinction. C’est une folie : l’humain naît fou, littéralement.

Vous pensez immédiatement : on peut toujours fantasmer, mais la réalité n’est pas toujours à la hauteur – rarement, même… – et le petit peut bien halluciner qu’il a mangé, s’il a le ventre vide sa douleur va perdurer, ou le froid le brûler, etc. Et effectivement, c’est ce qui va finir, la plupart du temps, par tirer le nourrisson de sa solitude absolue en même temps que de sa béatitude précaire : son système clos ne répond pas tout le temps, pas à tout, pas tout de suite, pas complètement, pas parfaitement. Peu à peu semble émerger confusément l’impression d’une dépendance à quelque chose : la mère – ou son substitut – mais avant tout perçue comme sein, source de plaisir lors de l’allaitement, mais aussi de déplaisir, en son absence. Le sentiment de quiétude, de plaisir sans borne que le petit humain s’attribuait, cette toute-puissance fantasmatique, il finit par l’attacher à cet objet extérieur qui est, lui, à l’origine de son bien-être comme de ses souffrances. La puissance qui reliait son désir à sa réalisation est transférée à ce premier extérieur, ce premier « objet », dans ce qui deviendra au fil du temps la mère, envers laquelle la dépendance se révèle absolument totale : elle est source de bonheur ineffable comme de souffrances insupportables, ce sont ses présences/absences, ses actions, sa volonté, et finalement son désir mystérieux qui vont restaurer le narcissisme originaire du petit et en même temps que le plonger dans la frustration, le manque, l’impuissance. Figure toute-puissante, arbitraire, ambivalente : telle est la sensation que le nouveau-né en a, sans rapports directs avec la réalité de la personne qui l’incarne. Bien sûr vous connaissez la suite, qui mène au célèbre complexe d’Œdipe : progressivement, le père – ou son ou ses tenant-lieu – émerge et brise cette fusion avec la mère, interdit l’inceste, cette sorte d’hyper-inceste de la pré-humanité, et c’est à lui que la puissance va être attribuée, avec tous ses relais et ses symboles ultérieurs ; le langage, la loi, le chef, Dieu, l’État, la machine, etc. Le renoncement, pour soi et très relatif, à cette toute-puissance princeps, c’est l’origine du refoulement. Il n’est jamais total et il en irradie une nostalgie puissante, un attrait obsessionnel fondamental. Je ne vais pas discuter ici de l’universalité du complexe d’Œdipe, la question, abandonnée, semblant loin d’être tranchée, mais je me rangerais sous la figure de Claude Lefort pour dire que ce schéma global – fusion puis intervention d’une figure tierce – n’est nulle part invalidé par le matériel ethno-psychiatrique, plutôt le contraire.

Implications écologiques

Quel rapport de tout cela avec l’écologie ? Il est central de plusieurs points de vue, puisqu’il serait superficiel de dire que ces expériences infantiles laissent des traces : elles sont fondatrices et déterminantes de notre fonctionnement psychique quotidien – pensez à cette fleur qui n’est à tel endroit à tel moment que par la conjonction de mouvements telluriques, du méga-système climatique ou même de la mécanique céleste depuis des milliards d’années.

D’abord et avant tout, ce schème de toute-puissance, cette monade psychique. Nous sommes véritablement hantés, nous, espèce humaine, par la volonté de restaurer cet état de toute-puissance, de totalité, qui est le moteur principal de l’esprit humain. À l’échelle individuelle mais aussi collective, nous existons de manière radicalement auto-centrique : égocentrisme absolu, mais aussi anthropocentrisme fondamental, qui transcende largement la simple clôture animale. Cela peut se briser – se brise, sinon nous ne serions pas ici – mais l’expérience clinique comme historique montre que l’humanisation ainsi entendue n’est en rien « naturelle » et que la tendance générale, la pente spontanée, est bien plutôt la recherche éperdue de totalité et la haine de tout ce qui la contrarie. Cela se traduit par la constitution du roc du sens, donc de la croyance, essentiellement religieuse, comme explication et promesse de tout et la destruction conjointe de ce qui ne s’y soumet pas, avec, récemment, l’investissement de la puissance instrumentale – raison, quantification, technique, machine – comme mode de réalisation du fantasme. C’est ici également que s’origine radicalement le prurit d’accumulation, que l’on appelle un peu trop commodément capitalisme, qui serait plutôt la libération de cette poussée hors des cadres traditionnels par leur rationalisation. Les implications écologiques se passent de commentaire, et vous comprenez que les « problèmes » qui s’y rapportent mettent immédiatement en cause notre ontologie spécifique, notre démesure, notre hubris congénitale.

Ensuite, ces deux figures de la Mère et du Père, vers laquelle cette toute-puissance a été transférée, sont devenues des images archétypales, des imago comme on dit, profondément ancrées et bien vivantes au tréfonds de notre esprit, de notre psyché. Les signes, les symboles, les attributs du Père sont bien connus : tous les symboles phalliques – traits, bâtons, lances, sceptres, menhirs, totems, sabres, gratte-ciel, fusées, etc. – et les institutions, au sens large, qui incarnent la puissance, l’ordre et la séparation – le langage, la Loi, le savoir, la science, etc. En bref : c’est toute la société qui est vécue comme étant régi par l’autorité du Père, caricature poussée à l’extrême par les dictateurs qui empêchent un dépassement du fantasme dans la collectivité anonyme qu’est, de fait, toute société et auquel tend la démocratie. Quant à la Mère, elle incarne la Nature : nature enveloppante, nature nourricière, nature fertile, nature féconde, nature maternante – mais aussi nature mystérieuse, nature indifférente, destructrice, capricieuse, cruelle qui reprend la vie tout autant qu’elle la donne – que symbolisera plutôt la courbe des seins, des hanches, des fesses, du ventre de la femme enceinte, le cercle, l’enveloppe du collectif, la hutte, la maison… Regardez les logos des écolos, c’est souvent rond, jusqu’à la rotondité de la Terre… Ce sont, bien sûr, toutes les divinités féminines qui l’incarnent depuis des millénaires – Cybèle, Déméter, Isis, Ishtar, Gaïa, etc. – et qui semblent avoir émergé confusément autour du Néolithique, fréquemment reliées archaïquement à des sources ou des points d’eau, et dont il faut s’attirer les bonnes grâces pour les récoltes par des liturgies, des rites, des offrandes, etc., et que l’on ensemence, fantasmatiquement et réellement, en pénétrant la terre pour y déposer des graines… Je simplifie, bien sûr, et on retrouve cette dichotomie de manière un peu fractale : par exemple le Soleil (masculin) et la Lune (féminine), le Ciel et la Terre, ou, plus récemment l’État comme autorité paternelle et la Mère-Patrie, la Nation, et même la double figure de l’État policier et de l’État providence, etc. Nous reparlerons de tout ça. Mais c’est aussi et surtout toutes les mythologies qui évoquent le paradis perdu, l’âge d’or, ce mythe si bien décrit par Mircéa Eliade, ce temps révolu où l’humain ne faisait qu’un avec la Mère-Nature, le jardin d’Éden, les paradis perdus et les cornes d’abondance qu’il s’agirait de retrouver – là le lien avec l’expérience de la petite enfance est transparent. Vous voyez que tout cela est actuel et il n’est pas difficile de le repérer lorsqu’on parle de jardinage, par exemple, où les rapports sont immédiatement très affectifs, sinon névrotiques : là, tous les fantasmes individuels et collectifs remontent à la surface, presque nus. En Occident il y a ceux, plutôt « traditionalistes » pour qui le jardin doit être entretenu, domestiqué, maîtrisé, mécanisé, « chimisé », rationalisé, etc. et les autres, qui veulent « laisser faire la Nature », jusqu’à l’absurde. Nous nageons là en pleins fantasmes – il faut lire Gaston Bachelard –, en pleins mythes.

Précisément : parlons mythes, quitte à empiéter sur la partie suivante. Ce sont eux qui vont participer à déterminer les relations entre les sociétés humaines et la nature, leurs natures, et même les individus. Les modalités selon lesquelles vous percevez la nature vont dicter votre conduite, votre attitude à son égard et il y a, très schématiquement, deux pôles totalement contraires et systématiquement complémentaires – souvenez-vous du néotène : la dépendance à la toute-puissance naturelle peut être vécue comme une aliénation insupportable, une situation infantile dont il s’agira de sortir par l’élucidation de ses mystères, par la connaissance, son contrôle par la technique, l’organisation de son exploitation rationnelle, sa mise au pas par la société et son savoir. En creusant : c’est au Père social de dominer la Mère-Nature, par la contrainte, la violence, voire le viol. À l’inverse – et c’est plus explicite chez les écologistes – nous avons plutôt le récit d’une « Mère-nature » malmenée par le « Père-social » : il va falloir la ménager, la protéger, l’accompagner, la soigner, la restaurer, lui donner toute sa place, y trouver tout le nécessaire déjà immédiatement disponible, se plonger dans son mystère, accepter telle sa puissance sans cesse renaissante, etc. Éléments déjà très présents dans le gauchisme et éclatants chez Herbert Marcuse, par exemple, repris et amplifiés chez beaucoup d’écologistes militants. C’est aussi cette mythologie qui est véhiculée par toutes les activités « vertes » plus ou moins sportives devenues envahissantes : on s’y ressource et on s’y aventure, on y éprouve sérénité et vertige, on y frôle la mort et on y revit, c’est l’oubli de soi pour provoquer l’émergence de son « vrai moi », c’est le dépaysement et le retour aux sources, c’est le lieu des transformations, des métamorphoses, des passages, etc. Le lien avec les expériences infantiles, le fantasme ultime de fusion totale d’avec la Mère, saute aux yeux. Tout cela mobilise donc des affects extrêmement forts, profonds, enfouis, c’est une affaire de passions viscérales, de haine et d’amour, de vengeance et de réparation, de justice immanente ou de tragédie universelle, etc.

Nous pourrions continuer longtemps, approfondir, étendre, préciser, tant cette approche me semble riche. Mais déjà les points abordés posent quelques jalons : comme être psychique, l’humain est une sorte de volcan monstrueux d’où surgissent désir de toute-puissance, délires, fantasmes, rêves, qui ne doit sa survie et son humanité qu’à la société qui l’arrache à son solipsisme existentiel. Là aussi, nous retrouvons des déterminations – je n’ai pas abordé le rôle central de la sexualité – et une source unique de créativité radicale, à la fois opposées à et soubassement de toute vie sociale. Tout cela dessine l’être humain comme un jaillissement de représentations, de significations imaginaires dont il ne s’extrait jamais et qui vont modeler ce qu’il entend par « nature » – que voudrait dire : un être humain en contact direct avec une nature immédiatement univoque ? –, représentations étayées sur une réalité bio-écologique mouvante et contradictoire, à la fois profondément intime et complètement inconnue. Cet étayage, ce point de contact dynamique entre notre animalité et notre folie psychique, c’est précisément ce que nous appelons la culture, ou plutôt les cultures humaines.

3 — L’être humain comme être de culture

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Éléments de bibliographie

La bibliographie ci-dessous a été réduite au minimum : il y manque d’un côté tous les « classiques » de l’écologie politique et des disciplines abordées, largement connus, ainsi que, de l’autre, les ouvrages aux thématiques apparemment trop éloignées, sans même parler de tous ceux dont l’apport, loin d’être nul, n’a pas été significatif. N’ont donc été retenus que les titres ayant expressément servi à l’élaboration des séances à divers degrés, et regroupés grosso modo selon leur ordre, même si beaucoup sont transversaux.

En gras les livres dont la lecture est vivement recommandée.

Bourg Dominique (sous la dir. de), Les Sentiments de la nature, La Découverte, coll. « Cahiers libres »,1993

Castoriadis Cornelius, « Institution de la société et religion », dans Domaines de l’homme. Les carrefours du labyrinthe 2, Seuil, coll. « Points Essais », 1999

Castoriadis Cornelius, « L’état du sujet aujourd’hui », dans Le Monde morcelé. Les carrefours du labyrinthe 3, Seuil, coll. « La couleur des idées », 1990

Changeux Jean-Pierre, L’Homme neuronal, coll. « Le temps des sciences », Fayard, 1983

Cosandey David, Le Secret de l’Occident. Vers une théorie générale du progrès scientifique, Flammarion, coll. « Champs », 2007

Diamond Jared, De l’inégalité parmi les sociétés. Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire, Gallimard, coll. « Folio essais », 2007

Diamond Jared, Le Troisième Chimpanzé. Essai sur l’évolution et l’avenir de l’animal humain, Gallimard, coll. « Folio essais », 2000

Douglas Mary, « Les abominations du Lévitique » [1967] dans De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, La Découverte/Syros, 2001

Ducarme Frédéric et al, « How the diversity of human concepts of nature affects conservation of biodiversity », Conservation Biology, 2020/6, n° 34

Dufrenne Mikel, La Personnalité de base, un concept sociologique, PUF, coll. « Bibliothèque de sociologie contemporaine », 1966

Morin Edgar et Pirattelli-Palmarini Massimo (sous la dir. de), L’Unité de l’homme (3 vol.), [1974], Seuil, 1992

Éliade Mircéa, La Nostalgie des origines. Méthodologie et histoire des religions, Gallimard, coll. « Folio essais », 1991

Godin Christian, La Haine de la nature, Champ Vallon, coll. « L’esprit libre », 2012

Guille-Escuret Georges, Les Sociétés et leurs natures, Armand Colin, coll. « Anthropologie du présent », 1989

Harrison Robert, Forêts. Promenade dans notre imaginaire, Flammarion, coll. « Champs », 2018

Haudricourt André Georges, La Technologie, science humaine. Recherche d’histoire et d’ethnologie des techniques, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

Gould Stephen Jay, Darwin et les grandes énigmes de la vie. Réflexions sur l’histoire naturelle, Seuil, coll. « Point sciences », 1997

Kardiner Abram L’Individu dans sa société. Essai d’anthropologie psychanalytique, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1969

Lapassade Georges, L’Entrée dans la vie. Essai sur l’inachèvement de l’homme, Anthropos, 2005

Lefort Claude « Ambiguïtés de l’anthropologie culturelle : introduction à l’œuvre d’Abram Kardiner » [1969], dans Les Formes de l’histoire. Essais d’anthropologie politique, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1978

Lestel Dominique, Les Origines animales de la culture, Flammarion, 2001

Lévi-Strauss Claude, La Pensée sauvage, Plon, 1962

Linton Ralph, Le Fondement culturel de la personnalité, Dunod, coll. « Sciences de l’éducation », 1977

Lorenz Konrad, L’Homme dans le fleuve du vivant, Flammarion 1981

Lowie Robert Harry, Traité de sociologie primitive, Payot, « Petite bibliothèque Payot », 1969

Magnenat Luc (sous la dir. de), La Crise environnementale sur le divan, Éditions In Press, 2019

Mauss Marcel, Essais de sociologie, Seuil, coll. « Points essais », 1968

Mendel Gérard, La Révolte contre le père, une introduction à la sociopsychanalyse, Payot, coll. « Sciences de l’homme », 1968

Morris Desmond, Le Singe nu, Grasset, 1968

Moscovici Serge, Essai sur l’histoire humaine de la nature, Flammarion, coll. « Champs », 1977

Moscovici Serge, La Société contre nature, Seuil, coll. « Points essais », 1994

Prochiantz Alain, La Biologie dans le boudoir, Odile Jacob, 1995

Dufour Dany-Robert, On achève bien les hommes. De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu, Denoël, coll. « Médiations », 2005

Róheim Géza, Psychanalyse et Anthropologie, culture, personnalité, inconscient, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 1967

Ruffié Jacques, De la biologie à la culture, 2 vol., Flammarion, coll. « Champs », 1983

Terrasson François, La Peur de la nature, Sang de la terre, 1991

Vincent Jean-Didier, Biologie des passions, Seuil, 1986


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