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VIII. Qu’est-ce qu’une charia ?
On peut comptabiliser à ce jour 57 “législations” prétendant à ce titre, puisque chaque entité étatique musulmane dans le monde affecte une telle référence. Indépendamment des divergences loufoques entre ces nombreuses variantes officielles [1], toutes ont pour point commun d’institutionnaliser le principe de terreur musulmane sur laquelle repose le monothéisme tardif qu’est l’islam.
Beaucoup plus que les religions antiques, tout monothéisme se veut à la fois promesse mais aussi terreur : il substitue à l’angoisse existentielle et au sens du tremendum des religions antiques une organisation de la terreur. Ce tandem paradoxal de promesse et de menace résulte très logiquement de la prétention monothéiste au monopole exclusif de la relation avec le divin. Une terreur chrétienne fondait ainsi le règne du catholicisme, sans toujours disposer d’instrument de répression ad hoc (l’Inquisition n’apparut qu’au XIIIe siècle, par exemple). La terreur musulmane n’a jamais eu besoin dans son histoire du détour hypocrite d’un appareil spécialisé, tant son principe de férocité est imbriqué à ses références centrales explicites et se trouve par nature décentralisé dans toute la société islamique. Le délire sur la biographie du Prophète, écrite et réécrite dans les deux siècles qui ont suivi sa mort naturelle supposée et présentée comme le “beau modèle” à suivre, suffit à activer les comportements de terreur chez tout “vrai musulman”.
Aujourd’hui, l’islam se transforme cependant de plus en plus en néo-islam [2] dans le but d’unifier des populations extra-européennes, dans son troisième assaut historique sur l’Europe et son rêve de conquête mondiale. De même que l’islam a vampirisé les monothéismes qui l’avaient précédé, de même le néo-islam emprunte les techniques du IVe monothéisme, le marxisme-léninisme. Celui-ci a brièvement régné sur un tiers de la planète en inventant un nouveau type de régime, le totalitarisme, dont tout le système “judiciaire” se réduisait à une vaste Inquisition [3].
Il se trouve, de plus, que les traditions de l’islam facilitent un tel passage au stade industriel de la terreur. Le rôle de la chicane juridique, développé durant la longue période de cristallisation de l’islam réel (ses deux premiers siècles), est cardinal. Les conquérants arabes, dont le centre de gravité se tenait à la frange du Croissant fertile, avec Médine pour arrière-cour, plutôt que dans la péninsule arabique, se trouvaient confrontés au risque d’absorption par des populations “sédentaires” plus nombreuses, comme tous les conquérants semi-nomades du Proche-Orient depuis 2 000 ans, dès lors qu’ils se retrouvaient à la tête d’un État dimorphique [4]. Le développement d’une véritable ingénierie institutionnelle fut leur réponse originale, avec un droit particulièrement inégalitaire qui a laissé des traces très profondes dans ce qui est devenu bien plus qu’une religion, un “mode de vie total” armé pour endiguer puis laminer l’altérité. Ses porteurs ont réussi au fil des siècles à absorber les populations sédentaires conquises. Le cas est tout à fait atypique dans l’histoire des rapports entre peuples semi-nomades et sédentaires. La forme de despotisme oriental qui en est résultée fut la plus méthodique de toutes, ce qui renseigne sur la puissance dévastatrice de l’ingénierie social-historique constituée par la Charia, mot d’ailleurs à peu près absent du Coran, sauf pour une occurrence dans le sens de “voie”. Comme la plupart des caractéristiques de l’islam, ces dispositifs ont donc été élaborés non pas dans une “révélation” soudaine, d’un bloc, mais au fil de deux siècles de tâtonnements dans le cadre de la rivalité contre l’empire byzantin qui a tenu face à cet assaut. Ce dernier n’est tombé que huit siècles plus tard [5], au moment où, à tous égards sauf militaire, la civilisation islamique était devenue largement sénile sous l’effet des invasions turco-mongoles, cent fois plus ravageuses que les Croisades qui obsèdent tant les anti-colonialistes en Occident. F. Braudel (“Grammaire des Civilisations”, p. 148) a noté que la renaissance de la puissance militaire islamique avec les Turcs s’était accompagnée d’une victoire absolue de l’orthodoxie religieuse (sunnite).
IX. Société à statuts ou société d’individus ?
Lorsqu’on prend quelque recul par rapport aux fantasmes idéologiques des XIXe et XXe siècle et que l’on observe avec équité l’histoire de l’Occident depuis le XIVe siècle, celle-ci présente une caractéristique exceptionnelle : toutes les Grandes révolutions occidentales [6] ont impliqué un passage irréversible d’une société à statuts (où les individus n’étaient qu’un appendice de leur groupe d’appartenance) à une société d’individus (définissant leurs rapports par des contrats). Cela n’effaçait pas les inégalités sociales, qui sont infiniment plus difficiles à abolir que les inégalités de statuts (c’est peut-être impossible), mais les premières en ont été métamorphosées, au point de permettre une fluidité inconnue des sociétés traditionnelles, comme l’évolution des positions sociales l’a montré depuis deux siècles en France ou aux États-Unis. Cette mutation a surtout concerné la partie occidentale et centrale de l’Europe, sans oublier les États-Unis et quelques États du Commonwealth. Elle s’est étendue par capillarité à des sociétés voisines (Scandinavie, pays baltes, Slovénie, Croatie, etc.). Elle est clairement corrélée au substrat anthropologique de deux formes jumelles de christianisme, catholique et protestante, qui ont ouvert la voie vers une sortie de la religion. Ce mouvement continue à s’amplifier dans tout l’Occident.
Cette grande caractéristique moderne est ancrée dans certaines traditions et principes, qui sont le propre de l’Occident depuis l’Antiquité : chez Homère, pour la première fois apparaît la mise en scène de la tension entre l’individu et le groupe, dans laquelle l’individu possède une marge d’expression et d’action autonomes. Cette différence avec les sociétés holistes despotiques fut d’emblée qualitative et constitue la source de l’immense créativité historique occidentale. Cette dimension anthropologique spécifique de l’Occident a été presque totalement sous-estimée ou niée par les millénarismes inspirés de l’anarchisme ou du marxisme, au nom d’une surenchère idéologique prétendant réduire l’histoire de toutes les sociétés à des leviers universels manipulables [7]. Le marxisme-léninisme a ainsi pu réinventer une forme d’esclavage au nom de l’“avenir radieux” qui reculait au fur et à mesure que passaient les années et assumait les caractéristiques d’un Autre Monde, figure nécessaire à tous les scénarios religieux. Bien que ces millénarismes aient fait faillite dans leurs expérimentations “révolutionnaires”, les sociétés occidentales qui ont fait vivre un grand nombre de libertés individuelles et collectives présentent toujours à leurs yeux le tort irréparable de n’avoir pas instauré le paradis sur terre ! C’est là que se trahit le noyau para-religieux des diverses théories “socialistes” qui ont prévalu…
Il est dès lors aisé de résumer les grandes caractéristiques anthropologiques de l’islam :
L’islam refuse centralement l’isonomie, c’est-à-dire l’égalité devant la loi. L’inégalité hommes-femmes et l’inégalité entre musulmans et tout croyant d’une autre confession (les athées étant voués à la mort) sont des conditions du règne de l’islam. Le verrouillage de ce dispositif social tient à la priorité absolue accordée aux rapports entre communautés.
L’isegoria (droit à une égalité de parole) et la parrhesia (la sincérité des opinions politiques et le fait de parler sans arrière-pensée) ont déjà largement disparu, grâce à l’activité de la pieuvre médiatique, héritière en date des techniques totalitaires de mensonge, ce qui profite automatiquement à l’islam, qui ne supporte pas de tels principes.
Rendre les “vrais musulmans” “co-auteurs de la loi” est dépourvu de sens à leurs propres yeux, puisque celle-ci ne saurait dériver de l’activité humaine. Quelle que soit la variété d’islam, c’est d’ailleurs un cas particulier d’un dogme plus général : rien de ce qui survient de bien dans l’histoire n’est d’œuvre humaine.
Ces caractéristiques non négociables trouvent figées par le fait que chacun n’existe que dans le regard collectif du groupe statutaire. Ainsi, dans l’empire ottoman qui avait poussé cette logique à un degré inégalé avec les millets(groupes statutaires juridico-religieux officiels), l’individu en tant que tel n’existait pas. Il ne s’agissait que de mettre en rapports des communautés juridiques, sous la prééminence du millet sunnite, évidemment plus égal que les autres,et directement rattaché au despote dénommé Calife [8].
Un tel éclairage rend compte de certains comportements diffus, comme la fuite viscérale devant une tension de responsabilité personnelle. Si seul compte le groupe proche (clan, famille…), dans un cadre de réciprocité concrète, la nécessité de conscience professionnelle, qui suppose une loyauté et un sens de la responsabilité envers l’ensemble de la société, perd toute justification et même tout sens.
De façon inverse, tout échec personnel, toute déception, sont imputés à une injustice préalable faite au groupe lui-même. Ce n’est que la manifestation en creux de la grande revendication qui résume toutes les autres, celle d’un statut communautaire. Quand les thématiques envahissantes de l’“islamophobie” ou du “racisme”, deviennent les principales clés de décryptage d’un réel qui ne se conforme pas aux attentes, il ne s’agit ni d’une simple “excuse” ni d’un comportement victimaire à courte vue, mais d’une vision du monde fossilisée qui fascine les gauchistes. Elle imprime sa marque sur toutes les dimensions du comportement social, tant elle est commode. Tout échec vient d’ennemis sournois à éradiquer, les autochtones européens, voués à constituer un groupe situé au plus bas de l’échelle de légitimité, voire à subir une extinction pure et simple.
La revendication de charia constitue a minima une recherche d’échappatoire dans une société occidentale, où il est demandé de faire sans cesse ses preuves à titre individuel. Toute indulgence ou complaisance pour une thématique de charia favorise de manière catastrophique une attente d’hégémonie automatique et arbitraire au profit du groupe communautaire musulman. Ses membres se sentent confortés dans leur aspiration à un accès prioritaire aux richesses, aux honneurs, aux carrières, etc.
La fascination croissante, notamment chez les jeunes musulmans, et même les convertis, pour un tel raccourci appuyé sur une pression collective arbitraire rencontre un réflexe reptilien de la gauche fondamentale, dont le goût démagogique pour les coups de force collectifs est une seconde nature. Tout membre de la gauche fondamentale se considérant comme “de-gauche” avant toute autre appartenance, sa “conception” du monde est structurellement homogène aux visions conspirationnistes qui dénoncent de façon obsessionnelle un “racisme” ou une “islamophobie” ubiquitaires. Le renforcement paradoxal d’un tel réflexe dans un contexte d’effondrement des perspectives “de gauche” est sans doute l’indice d’une aspiration instinctive à une régression statutaire.
L’énorme extension des actes “anti-Blancs” depuis les attentats de 2015 en France illustre l’alibi circulaire général : lorsque des musulmans tuent des Occidentaux, l’islam craint automatiquement de subir une atteinte à son image, ce qui est retraduit en “agression”, “raciste” ou “islamophobe” selon la marotte de l’idéologue. Tout attentat “islamiste” a pour but de déclencher un “djihad défensif” que rien ne distingue finalement du “djihad offensif”. Le goût du sang est communicatif dans ces milieux. Le plus remarquable dans toute cette affaire circulaire, c’est que les Occidentaux n’interviennent en rien, sauf comme victimes passives suspectées de vouloir réagir un jour à ce qu’on leur fait ! Ce réflexe spontané, instinctif, d’une grande partie des musulmans montre qu’ils perçoivent très bien la nature des crimes commis et qu’ils en sont foncièrement solidaires.
L’islam, quelle que soit sa variété, est redoutablement réactif quand il est au contact d’une société occidentale : à beaucoup d’égards, il fonctionne lui-même comme un racisme puisqu’il affirme à ses partisans qu’ils constituent une élite absolue, ’ils soient en situation minoritaire ou majoritaire. Le fait que tout individu né dans une famille musulmane soit décrété irréversiblement musulman apporte une dimension biologisante, très commode notamment pour ravaler au statut d’esclave les Africains subsahariens convertis plus récents à l’islam, et tous les “novices” plus ou moins suspects par nature…
L’interprétation franche de la charia s’exprime d’ailleurs parfois très directement. Dans un documentaire diffusé à plusieurs reprises sur Arte (dont le 21 octobre 2014), “Grèce : la charia au cœur de l’Europe”, un imam des Pomaks, slaves convertis à l’islam dans la Thrace grecque [9], déclare benoîtement que ceux qui ne suivent pas “la” charia se comportent comme des animaux… Cette attitude de mépris compact, biologisant, n’est pas un simple cas d’arriération culturelle, mais le reflet fidèle de l’islam pratique, quand il cesse de dissimuler… Lorsqu’un imam (Rachid El Jay, à Rennes) proclame que ceux qui écoutent de la musique seront changés en porcs, il fait une simple variation orthodoxe sur l’expulsion des non-musulmans de la sphère de l’humain : ce petit personnage a depuis bénéficié de subsides pour améliorer sa “formation”, alors qu’il n’avait nullement le niveau requis pour la suivre. Une fois de plus, l’auteur d’un tel coup de force provocateur s’est vu flatté et récompensé !
Un esprit indépendant comme J.-F. Revel avait constaté que la démarche d’un Michel Foucault qui voyait de “l’enfermement partout” dans les sociétés occidentales était en fait d’une adéquation parfaite pour décrire les régimes soviétiques, dont Foucault ne parlait jamais ! De même les 57 régimes islamiques, toutes tendances confondues, illustrent minutieusement les théories sur le “racisme d’État” et le “sexisme d’État” que tant d’idéologues du gauchisme culturel et du multiculturalisme à longueur de thèses fumeuses s’acharnent à plaquer désespérément sur les sociétés occidentales qui font pourtant vivre confortablement ces naufrageurs ! Ils tentent même de parler d’“esclavage génocidaire” la traite atlantique (où les pertes en vies humaines étaient importantes, à la hauteur de ce que subissaient les équipages), mais ils s’abstiennent de mentionner le seul système esclavagiste effectivement génocidaire, la traite musulmane sur l’Afrique noire [10]. C’est là que l’on perçoit la nature très particulière de la “supériorité” des méthodes musulmanes : leurs victimes ayant été annihilées au fur et à mesure des générations, il n’y a pas de descendance revendicative ! Rappeler ce que F. Braudel (ibid., pp 113-114) écrivait : “l’Islam classique, une civilisation esclavagiste par excellence” serait considéré comme un pensée-crime majeur.
Tous ces aperçus impliquent une conséquence gigantesque, que l’intelligentsia gauchiste ou multiculturelle veut occulter : comment l’islam confronté à l’Occident ne voudrait-il pas revenir mille ans avant la Révolution française ? Même une société à statuts du type Ancien Régime des XVIIe et XVIIIe siècles lui paraîtrait encore scandaleusement permissive, comme l’atteste un témoignage d’ambassadeur du Grand Turc à Paris, choqué des égards que certaines femmes occidentales recevaient.
Pour un occidental, la revendication de charia ne peut apparaître que comme le signal d’une régression civilisationnelle impérieuse et gigantesque qui rend dérisoires et infiniment criminels les calculs des couches régnantes et de la police mentales zélée du gauchisme culturel.
X. Quelle peut être la fonction impartie aux djihadistes et à leurs mentors salafistes dans une société “occidentale” ?
Ceux qui parmi les musulmans exigent de ne pas s’intégrer aux sociétés occidentales, où ils s’incrustent pourtant avec ardeur, contrevenant ainsi d’eux-mêmes aux principes coraniques, imitent à s’y méprendre un comportement conquérant. Il ne faudrait jamais identifier cette démarche comme instinctivement coloniale, bien qu’elle plaise immensément à la gauche fondamentale, si désireuse d’encourager une “revanche” imaginaire sur les sociétés européennes, même quand celles-ci n’ont jamais eu de colonies, telles la Suède ou la Finlande. Comme l’avait remarqué Fernand Braudel (ibid., p. 79), le colonialisme est par excellence la submersion d’une civilisation par une autre. Les vaincus cèdent toujours au plus fort, mais leur soumission reste provisoire, dès qu’il y a conflit de civilisation. Il peut y avoir des concessions, des emprunts, mais jamais au-delà d’une certaine limite. Après la double agression perse sur la Grèce, la civilisation gréco-romaine a fini par dominer le Proche-Orient pendant mille ans, d’Alexandre le Grand jusqu’à l’empereur Héraklius, puis l’islam a incarné un mouvement inverse en colonisant jusqu’à l’Espagne (VIIIe siècle) puis les Balkans (XVe siècle). La colonisation d’une partie du monde musulman par l’Europe au XIXème siècle a incarné une inversion spectaculaire du flux. Aujourd’hui, l’islam est bel et bien entré dans son troisième assaut colonial sur l’Europe. Le plus frappant tout au long des 25 derniers siècles, c’est l’impossibilité radicale de l’Occident et de l’Orient à fonder une synthèse commune. Leurs présupposés se définissent dans la divergence de l’un vis-à-vis de l’autre. Ils ne peuvent avoir de rapport que colonial…
Le gauchisme culturel, en voulant encourager une colonisation inversée au profit de l’islam, prend une tournure de plus en plus schizophrénique, puisque la quasi-totalité des occidentaux vivant actuellement n’ont jamais été en situation de colonisation… Un gauchiste culturel trouvera tôt ou tard l’acrobatie permettant une mise en accusation imparable : il est de plus en plus aisé de démontrer que tout Occidental vivant aujourd’hui n’a rien fait contre la colonisation d’autrefois. Ce raisonnement vaut d’ailleurs pour l’absence de combat contre Vichy. Ne pas être encore né à l’époque n’excuse rien, c’est au contraire la preuve irréfutable de la validité de l’accusation !
Cette disposition doctrinaire dominante convient parfaitement aux sphères dirigeantes des oligarchies qui aspirent à transformer le territoire en une mosaïque de ghettos rivaux, afin de rendre irréversible la dislocation induite par la mondialisation dont elles profitent. Croire qu’une société complexe peut encore fonctionner dans de telles conditions semble constituer une erreur stratégique récurrente de l’oligarchie et de sa police mentale, sauf si ces milieux souhaitent la liquidation des sociétés complexes, pour passer à une phase de tiers-mondisation structurelle planétaire, qui pourrait d’ailleurs rencontrer la soif écologiste de décroissance régressive, idéologie mineure du gauchisme culturel.
Il convient, enfin, de mentionner certaines attitudes passées des couches régnantes françaises face à l’islam dans les colonies. L’État français a permis à travers la colonisation une extension importante de l’islamisation en Afrique. L’ancien projet animé par des cercles d’eurocrates surtout français, dont la revue Eurabia résumait les vues dans les années 1970, confirme qu’une partie d’entre eux demeurent fascinés par l’idée de se doter d’un levier religieux de domination. Le fantasme d’un partenariat “euro-méditerranéen” en est un sous-produit déguisé.
En 40 ans, le passage de l’immigration de travail à l’immigration de peuplement a aggravé la pulvérisation des capacités de résistance sociale. Dans l’hypothèse où la planète se dirige vers une situation où 20 % de la population assurerait la production planétaire [11], il faudrait offrir aux 80 % restant une situation du type “du pain et des jeux”. Une colonisation des couches populaires par une religion ascétique, ou la disparition de celles qui ne se laisseraient pas islamiser, laisse entrevoir une perspective de diminution du coût d’une telle “gestion”. Cette pente explique les tentatives répétées de constitution d’une petite élite “musulmane” intégrable au cercle des pôles oligarchiques : une pyramide sociale musulmane englobant tout l’arc des différences sociales constituerait un compromis acceptable aux yeux des oligarques, bien que la dynamique démographique, le tsunami migratoire et la nature insatiable des revendications musulmanes sous-tendues par la charia rendent totalement bancale et illusoire une telle perspective, qui a pris l’allure d’un désastre civilisationnel, précisément parce qu’une civilisation n’existe que par une interminable continuité (Braudel, ibid. p. 80). Les couches régnantes françaises ont raté tous leurs paris stratégiques après 1918 et s’enferrent de plus en plus dans des ambitions hors de leur portée. De même que pour Vichy, ce qui a fait faillite face à l’islam, c’est l’État, ni la République ni la nation.
Les autorités, en France comme dans les pays immédiatement voisins, se gardent d’agir drastiquement contre les milieux djihadistes infiltrés ou naissants, tout en parlant de “guerre”. Cette incohérence trahit une logique particulièrement préoccupante. La détention ou l’expulsion des ressortissants du “Califat” (entité qui se veut à la fois juridique et idéologique et non territoriale) constitueraient des préalables à toute mesure d’assainissement de la situation. Le rétablissement des tribunaux militaires y compris pour les réseaux d’assistance, qui sont qualifiables d’espionnage en temps de guerre, aurait dû être immédiat. Pourquoi tant ménager ces “guerriers” qui promettent de commettre des crimes de guerre et passent effectivement à l’acte dès qu’ils en ont l’occasion ? Pourquoi cette soif très ’gauchiste culturel’ de perdre du temps en affectant de tenter une “rééducation” des candidats au djihad ? Qu’une telle inconsistance provienne d’une volonté lucide ou d’une indolence systémique, peu importe. En n’accordant pas les moyens nécessaires aux policiers, gendarmes et militaires pour accomplir leur mission, les couches régnantes organisent leur usure méthodique et les sacrifient aux prédateurs de l’islam de combat.
Garde-t-on en réserve une force susceptible de servir bien au-delà de sa fonction actuelle, déjà si commode (tétaniser les populations occidentales par des menaces intermittentes et imprévisibles) ? Dès lors que la population occidentale, perçue comme le danger principal par le pouvoir oligarchique, se montrerait trop rétive au contrôle idéologique de la gauche culturelle, le recours à une garde prétorienne djihadiste une allure d’expédient tactiquement habile, quelles qu’en soient les conséquences à terme.
Une telle fuite en avant dans l’utilisation des djihadistes serait sans doute, pour cette oligarchie et ses serviteurs, le seul moyen d’éviter de reconnaître l’énormité de ce qu’ils ont commis avec acharnement depuis 40 ans. Cette trahison définitive serait bâtie sur la manière des dirigeants italiens qui, tout en affirmant lutter contre Cosa nostra, ont passé un accord secret avec elle à la fin des années 1990, et abandonné à leur sort la population et les juges les plus déterminés, en levant notamment la protection des “repentis” [12] !
Si les oligarques ne peuvent s’empêcher de naviguer à vue, obsédés qu’ils sont par le court-terme, ils ne s’interdisent aucune perfidie.
Paris, le 30 août 2017
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