L’injection goutte à goutte du poison de la Charia (2/3)

mardi 6 février 2024
par  LieuxCommuns

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IV. Crise institutionnelle systémique en Occident

Les républiques occidentales sont entrées dans une crise institutionnelle rampante, mais de plus en plus problé­matique. Elle résulte de la nouvelle “mondialisation” qui s’est mise en place avec le déploiement des leviers néo-libéraux, utilisés comme succédané des leviers keynésiens, dont l’épuisement était devenu patent au cours des années 1970.

Cette mondialisation tend à disloquer les sociétés selon des lignes de fractures tout à fait nouvelles. Les anciennes “bourgeoisies” se sont transformées en pôles oligarchiques dont chacun a un droit de vetosur toute mesure d’ensemble qui le désavantagerait, ce qui rend très difficile toute tentative de “réforme” économique ou institutionnelle. De leur côté, les couches ouvrières sont mises en concurrence les unes contre les autres à un niveau planétaire. Les 600 métropoles réparties sur la planète tendent à concentrer la production et la circulation des richesses, tandis que les zones périphériques, au-delà des banlieues, à parquer une majorité de la population européenne, considérée comme fondamentalement “trop chère” et tendanciellement superflue [1]. Les flux croissants de migrations modifient le fonctionnement de plus en plus délabré des villes, tandis que même les “couches moyennes” en dehors des métropoles les plus importantes voient leur sort se dégrader [2]. Les grands pôles urbains manipulent aisément les finances publiques par des impôts différentiels, de manière à ponctionner les régions périphériques. La métropole londonienne apparaît ainsi comme drainant des ressources de toute l’Angleterre. La métropole parisienne aspire la substance du “grand bassin parisien” (qui va de la Picardie aux pays de Loire et de la Normandie jusqu’aux confins de la Champagne). La compétitivité des grandes métropoles dépend aussi de cette capacité à drainer les ressources de leurs dépendances [3].

L’arrivée incessante de nouvelles couches d’immigrants tend à repousser vers des périphéries de plus en plus lointaines les vagues d’immigrations précédentes qui, sauf pour les milieux qui seront admis dans les couches moyennes des métropoles, n’auront connu qu’un succédané de bien-être et attribueront leur sort à la “méchante” société occidentale, toujours accusée de tout et de rien. Ce principe du “dernier arrivé, premier servi” a été instauré dès les années 1980.

Les leviers institutionnels de ces Républiques deviennent si peu efficaces qu’ils commencent à évoquer l’état de dysfonctionnement terminal de la République romaine au Ier siècle av. J-C. Le trait le plus frappant en est que le moment électoral ne semble plus constituer un point de compromis provisoire tolérable pour l’ensemble de la société votante, si bien que l’antagonisme perdure et s’approfondit, quel que soit le résultat. La qualité de plus en plus dégradée des gouvernants est cohérente avec ce délabrement : ce sont les plus superficiels et les plus inconsistants qui surnagent dans une situation où toutes les politiques semblent vouées à l’échec.

V. L’invasion chronique s’accélère

À partir de l’automne 2015, une situation d’invasion de peuplement, déjà chronique et capillaire depuis 40 ans, s’est emballée à la suite d’un véritable appel d’air de divers dirigeants européens, dont A. Merkel a été la plus véhémente et la plus irresponsable. Les Républiques d’Europe se retrouvent devant la perspective de cumuler une crise institutionnelle systémique avec une situation de grandes invasions type de celles qui ont détruit la partie occidentale de l’empire romain il y a 1600 ans. Elles commencèrent souvent par des flux de réfugiés ! Dans certaines villes déjà, comme Rennes, Grenoble ou Montpellier, des bandes de “migrants” se présentant comme “mineurs non accompagnés” échappant ainsi à toute mesure judiciaire ’efforcent littéralement de vivre sur le pays en rançonnant les populations locales qui ne parviennent pas à se défendre par elles-mêmes, notamment parce que cela leur est strictement interdit. La simple velléité de mettre en place un réseau d’observateurs qui pourraient renseigner la police a été bloqué au nom de... “l’antifascisme”, à Béziers. Elle aurait été composée d’anciens militaires, gendarmes, policiers ou pompiers, bénévoles et non armés ! La tentation de constituer des milices d’auto-défense ne peut que s’aggraver, puisque l’État refuse toujours plus de satisfaire la demande de protection depuis une quarantaine d’années. Cette tentation est en fait la hantise majeure des couches oligarchiques et de la contre-élite, soudées par la gravité de ce qu’elles ont provoqué depuis 40 ans. Pour elles, l’ennemi est foncièrement occidental...

Les grands médias ont instantanément approuvé et encouragé les flux invasifs à l’automne 2015, en usant sans complexe de tous les artifices à leur disposition. Ils ont notamment imposé le terme “migrant” pour confondre dans un même ensemble “moral” indistinct tous ces flux de réfugiés, surtout “économiques” et de fait “parasitaires”, puisque beaucoup, incapables de parler la langue du pays d’arrivée, espèrent en fait ne jamais travailler. Cet immense appareil de propagande en invoquant l’urgence a saisi l’occasion qui se présentait. Les couches dominantes retranchées dans les métropoles et avides d’instaurer une situation irréversible aspirent plus que jamais à imiter les États-Unis du XIXe siècle, sans comprendre les conditions exceptionnelles qui ont permis à ce creuset sa réussite historique [4].

L’appel d’air organisé pour attirer des populations d’outre-méditerranée vient de la facilité avec laquelle les États européens délivrent des papiers et tolèrent l’arrivée de tout individu qui se présente. L’argument du développement économique qui serait nécessaire dans leurs pays d’origine (où en était la Corée du sud il y a 60 ans ?) comme préalable à ce tarissement des migrations est lui-même une hallucination, destinée à accuser les “Occidentaux” de ne pas avoir assez fait. Les sociétés qui se développent facilitent au contraire départs, parce que le niveau de vie augmentant, l’entreprise devient plus abordable. A l’opposé du préjugé gauchiste culturel, hanté par un christianisme de Père Noël, ce sont rarement les plus pauvres qui émigrent.

Le dérèglement, à tout point de vue, des sociétés d’Europe occidentale et centrale est à l’ordre du jour. Les États d’Europe orientale (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie) et des Balkans, peu intoxiqués par le délire multiculturaliste et disposant de quelques souvenirs historiques précis, ont, avec l’Autriche, mis tout le reste de l’Union européenne devant le fait accompli en bloquant la route terrestre de l’invasion, fin 2015. Mais la situation est précaire, puisqu’elle demeure soumise aux provocations du sultanat néo-ottoman d’Erdogan, qui peut tenter à tout moment de lâcher sur l’Europe des millions d’“immigrants”, dont il se poserait ensuite en protecteur ombrageux. Il exige qu’on laisse entrer en Europe, sans limite (sans visa), les ressortissants turcs alors qu’il leur recommande de s’y constituer en corps étranger. La menace d’un retour du colonialisme impérial ottoman sur les Balkans n’a rien d’irréelle pour les populations qui sont sorties de son emprise entre 1821 et 1913. Cette pression néo-ottomane est le signe d’un début de compétition entre les divers pôles musulmans dans leur ruée sur l’Europe...

VI. La décomposition organisée des nations

Le rôle du gauchisme culturel :

Il a pour fonction socio-politique de cultiver et d’aggraver la défiance généralisée dans les nations européennes anciennes. Le moralisme à géométrie variable son procédé cardinal. Ses partisans ont osé inventer un “péché originel” unilatéral contre l’Occident, et exigent que celui-ci intériorise une culpabilité transhistorique et infinie devenant à la fois collective et héréditaire, donc... biologique ? [5] Plus le temps passe, et plus le poids de cette supposée culpabilité est censé s’alourdir dès lors que les Occidentaux s’entêtent à exister. Les nébuleuses idéologiques du gauchisme culturel et du multiculturalisme sont portées par une contre-élite sociale qui n’a qu’une préoccupation, faire valoir sa capacité d’encadrement politique de la société. Sa composition baroque va des journalistes subventionnés aux fonctionnaires-artistes, des juges “rouges” aux “pédagogues” politisés, des enseignants-militants aux psychologues-chamanes, etc. Cette contre-élite multiculturaliste ou gauchiste n’a guère d’indépendance stratégique puisque sa fonction est d’aller au-devant des besoins ou des intérêts supposés des oligarchies qui organisent la dislocation des sociétés nationales dans le cadre de la mondialisation. Il n’est plus question d’une communauté de destin [6].

Tous ces gens ont décidé d’oublier que la nation a été le berceau du citoyen moderne. Si l’on se réfère à une remarque de John Locke (“Les actes des hommes sont les meilleurs interprètes de leur pensée”) [7], il est clair que cette contre-élite est en accord tacite et viscéral avec les perspectives oligarchiques, dont elle partage la priorité majeure : liquider le terrain nourricier de l’esprit de citoyenneté, dernière trace politico-culturelle permettant des réactions collectives autonomes. Cette liquidation se conforme aux méthodes de la double-pensée décrite par Orwell, et prétend se référer à un esprit “citoyen” (le sabir dominant n’ose plus dire “civique” !), de même que le despotisme inouï des régimes totalitaires nés avec l’Union soviétique et ses imitateurs (Italie fasciste, Allemagne nationale-socialiste, Chine maoïste, Cambodge polpotiste, etc.) prétendait se fonder sur une référence fanatique à une “liberté” d’un genre nouveau et inversé. De plus, cette décomposition des nations ne doit surtout pas introduire une logique d’appartenance européenne : un tel sentiment est si redouté par les autorités qu’elles sont allées jusqu’à réviser discrètement les références officielles de l’“Union européenne” en supprimant en 2004 dans le Traité de Rome la citation du discours de Périclès rapporté par Thucydide. Non seulement la référence chrétienne est escamotée officiellement, mais les mille ans de civilisation grecque qui précédèrent l’avènement du christianisme comme religion d’empire sont reniés [8]...

Comme il faut affecter de se soucier de question sociale, le gauchisme culturel brandit des alibis provisoires et changeants, tels que la théorie mouvante du “revenu universel”, qui évoque le “panem et circenses” (du pain et des jeux) qui fut accordé à la plèbe romaine dans la République en phase terminale, afin que les pauvres se tiennent tranquilles. Si une telle mesure était mise en place, elle provoquerait inévitablement un immense déplacement d’activité vers le “travail non déclaré”, à la manière du “secteur informel” du Tiers-monde, entraînant une spirale d’attrition des revenus de l’État et un effondrement progressif des services publics, déjà en cours dans les régions périphériques et dans les banlieues. Tout indique que l’élection du candidat des métropoles, Macron, a pour but de sanctuariser celles-ci face à la “France périphérique” [9], en espérant que les zones de banlieues parasitaires, hors république, resteront liées au régime oligarchique dont elles profitent tant : l’orientation des subventions et des complaisances idéologiques sera là stratégique...

Le type social qui nourrit le gauchisme culturel se reconnaît à ses leviers idéologiques de prédilection. Il participe de la révolte des “élites” identifiée par C. Lasch, mais selon une modalité originale : ces gens persistent à cultiver leur goût atavique pour la sédition, en le retournant contre les couches populaires d’origine européenne et toutes les autres strates européennes qui seront happées par la tiers-mondisation en cours. Cette intelligentsia se caractérise par un réflexe perceptible depuis sa fascination pour les mouvements fascistes des années 1930 et 1940. Ce réflexe s’est renforcé lors de son ralliement opportuniste comme compagnon de route au soviétisme des années 1950-1960. Elle ne peut s’empêcher de voler au secours du vainqueur qui semble le plus probable, du moment qu’il s’efforce de bricoler une “société organique” dans le sang et la boue, signature d’un volontarisme vindicatif. Cette carac­téristique présente néanmoins un aspect constant très curieux : ces grands esprits très sûrs d’eux n’ont cessé de se tromper tout au long du XXème siècle sur l’issue des antagonismes historiques et se sont régulièrement trouvés du pire côté... qui fut vaincu. Mais la rage de l’intelli­gentsia contre cet Occident qui a survécu à tous les totalitarismes en est aggravée d’autant. Elle espère que l’islam apportera la solution finale.

Cette contre-élite est habitée par une conception de l’islam qui évoque celle des pro-chinois à propos de la Chine des années 1960, où l’hystérie idéologique jetait l’interdit sur toute observation raisonnée de la situation concrète de ce pays lointain. Le sort fait aux ouvrages de Simon Leys a fort bien résumé les tâches de sang intellectuelles dont vit cette couche de chamanes. Le tour de force vient de ce que désormais l’hallucination devrait concerner la texture même de la société où la population vit. Le gauchisme culturel doit donc renforcer sans cesse son allégeance à un islamo-gauchisme doctrinaire. Cette rencontre est particulièrement active en France, où se conjuguent une pénétration plus forte qu’ailleurs de musulmans et un héritage stalino-gauchiste intense chez les intellectuels.

Le rôle de la pieuvre médiatique :

C’est au cours des années 1980 que le gauchisme culturel a pris le contrôle des médias en France et a accéléré leur mutation en pieuvre médiatico-politique [10]. Celle-ci n’a cessé de se renforcer dans les pays où les journalistes ne sont pas soumis directement au pouvoir en place. Sans la constitution d’une telle pieuvre qui occupe jalousement le centre de gravité de l’influence publique, l’hébétude serait bien moindre [11]. Cette institution particulière est traversée par une multitude d’intrigues dont la boussole est calée sur la nécessité de tromper le public qu’elle a pour fonction d’abrutir méthodiquement. Au printemps 2017, cette pieuvre s’est “unifiée” sur un objectif, comme elle l’avait fait à propos du référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005, ou de la loi sur le “mariage homosexuel” en 2013. Un rouleau compresseur compact, associé aux interventions judiciaires (on peut parler de procédés médiatico-judiciaires), a obtenu en 2017 l’implosion de la vieille caste politique, morcelée et totalement déconsidérée. Le paradoxe est que le parti-journaliste, qui use et abuse de tels leviers, jouit d’une réputation encore plus dégradée que ces politiciens à la dérive. Ils ne supporteraient pas qu’on leur impose de publier leurs revenus, à l’instar des élus qui y sont désormais astreints.

Cette implosion a été amplifiée par l’entrée en vigueur de certaines mesures, longtemps retardées, telles que les limites imposées au cumul de plusieurs fonctions électives. L’affaiblissement inexorable des Assemblées, déjà secondaires dans la Vème République mais où comptaient encore les députés ou sénateurs détenant un mandat électif local (maire de grande ville, poste de président de conseil départemental), franchit un saut qualitatif : ces baronnies électives disparaissent de ces assemblées destinées à se réduire à de simples chambres d’enregistrement [12]. Toute l’affaire a été présentée comme une opération “Mains propres” à la française. Cette com-paraison est d’autant plus révélatrice qu’en Italie Berlusconi finit par sur­nager pendant de longues années dans un système politique “rénové” en façade et disposant d’un levier d’influence médiatique exceptionnel, mais toujours imbriqué aux groupes mafieux : pour Macron aussi, il s’agit bel et bien de “tout changer pour que rien ne change”. Le basculement au sommet de la représentation politique entend conjurer le basculement qui menace la situation politique française depuis 2015.

Macron, piètre orateur qui se contredit d’une intervention à l’autre en fonction du public supposé, a bénéficié d’un véritable blitz politico-institutionnel, mais il n’a rien dynamité par lui-même. Divers pôles (magnats de la pieuvre médiatique, oligarchies économiques et financières, haute-administration) ont bousculé les structures vermoulues existantes afin de lui ouvrir la voie qui l’a mené à la Présidence et lui ont apporté une majorité improbable de députés fantômes. La clé de ce bouleversement tient en une formule : la Haute-Administration a décidé de prendre directement en main la “représentation politique” pour le compte des divers pôles oligarchiques.C’est au fond la reprise du projet que la candidature d’un Strauss-Kahn aurait dû cristalliser en 2012, avant que les frasques sexuelles de ce personnage pittoresque ne fracassent le projet de carrière qui lui était imparti. Sans la force électorale du Front national en 2017, qui permettait de faire gagner automatiquement le seul candidat restant en lice face à lui pour le second tour de l’élection présidentielle, cette opération n’aurait pu aboutir... L’héritage du cynisme mitterrandiste, qui a propulsé et constamment conforté dès 1983-1984 la présence du Front national pour piéger les partis concurrents dits de “droite”, a fait sentir ses effets dévastateurs croissants au fil des décennies en ne laissant aux réactions de dissidence que cette impasse. Le FN s’est trompé sur l’époque (il n’obtiendra ni le soutien des couches régnantes ni le ralliement de la Haute-Administration) et sur le type d’adversaire qu’il affronte : c’est la pieuvre médiatique, et non les autres partis, qui compte. Sa défaite de 2017 est grave en ceci qu’elle dévoile son absence totale de perspectives. Après avoir annoncé l’inconsistance de l’opposition droite-gauche, non sans raisons, le FN semble désormais tenté de rechercher une “union des droites”, qui vient contredire le centre même de l’agitation qu’il a mis en œuvre pendant plus de 30 ans. Mais la droite n’existe plus en tant que telle depuis le début des années 1980 [13] ! Toutes les autres tentatives de constitution de force politique nouvelle ont été méthodiquement asphyxiées. L’acrobatie médiatico-électorale qui a porté Macron au “pouvoir” a pour revers crucial qu’elle ne lui a donné qu’une base très minoritaire en dehors de l’Assemblée nationale.

Après le coup de pieuvre :

(le terme de “coup d’État” serait trop flatteur)

Devant la désinvolture dont le nouveau pouvoir a immédiatement fait preuve vis-à-vis des médias, ceux-ci ont déployé en retour une énergie implacable pour démontrer leur capacité de nuisance. En quelques semaines, les médias ont foudroyé les dernières figures politiques “classiques” bien que secondaires (Ferrand, Bayrou, Sarnez) qui avaient servi Macron, indice que la situation n’est nullement stabilisée. Pénicaud, technocrate, ancienne Directrice des Ressources Humaines de Danone, nommée ministre du Travail et organisatrice de la réunion à Las Vegas qui avait initié la trajectoire de Macron, est désormais menacée [14]. La régularité du financement de la campagne présidentielle commence aussi à être mise en doute. La dernière étape serait le dévoilement d’une évasion fiscale dont Macron se serait rendu coupable avec ses revenus exceptionnels durant son passage dans le monde de la banque [15]. Toutes ces failles avaient été signalées avant la série d’élections de 2017, mais elles furent remisées à l’arrière-plan par un déchaînement médiatique et propagandiste d’une intensité superbement sélective contre les concurrents de Macron. La pieuvre ne ment pas seulement “les yeux dans les yeux”, elle sait falsifier “les yeux dans les yeux” [16].

La perspective demeure d’autant plus incertaine que Macron ne dispose d’aucune marge d’action économique, ce qui a mis un terme à sa pièce de théâtre dès le début du mois de juillet 2017. Ses envolées brumeuses se sont enlisées dans les contraintes budgétaires et la facture non provisionnée laissée par le gouvernement précédent. Macron n’en ignorait rien puisqu’il était encore ministre de l’Économie lorsque ces cadeaux électoraux furent décidés en 2016 ! Dès le début de juillet 2017, comme son prédécesseur, le pathétique Hollande avec sa dégaine d’expert-comptable en faillite, il a été réduit à admettre que les quelques maigres promesses électorales qu’il avait faites n’étaient pas tenables et devaient être “différées” en regard des engagements vis-à-vis de l’Union européenne. Ce faisant, il est apparu pour ce qu’il veut effectivement être, un “sous-préfet” élu pour le district (encore français) de cette Union administrative [17]. Son caporalisme vis-à-vis de la hiérarchie militaire, entraînant la démission du Chef d’État-Major, l’a mis à nu : les comptables de Bercy se sont vengés des exigences de l’armée, si laborieusement satisfaites au cours des dernières années. Macron a retenu de Hollande la technique du brouillard médiatique : toute décision suscitant une opposition est suivie de plusieurs correctifs contradictoires pour rendre illisibles les choix qui prévaudront. A l’instar de son prédécesseur, il se repose sur la rigidité des institutions de la Vème république, conçues pour mettre le régime hors d’atteinte de la population.

VII. Le “sociétal” comme diversion systématique :

Des mesures “sociétales” s’imposent pour faire passer au second plan médiatique les mesures politiques et économiques, ou leur absence,qui démentent cruellement les refrains d’une campagne électorale informe. Ce déplacement des objectifs gouvernementaux est conforme aux préconisations de 2011 de Terra Nova, se définit comme un “Think Tank progressiste” a déjà inspiré les manœuvres de diversion de Hollande. Comme le Club XXIe Siècle agit auprès des entreprises, ce “Think Tank”a pour objectif de déconstruire la nation en la décomposant en groupes irréductibles.

Le chemin vers la Procréation médicalement assistée, formellement non autorisée, tend à s’ouvrir pour toutes les femmes, sans condition, et même aux couples mâles, ce qui renversera la dernière barrière contre la Gestation pour Autrui. Le premier stade est de rendre légale l’adoption d’enfants naissant dans ces conditions à l’étranger [18]. Une nouvelle fois, il apparaît que le stade du contrat PACS (Pacte civil de solidarité), puis du “mariage pour tous”, n’étaient pas des points d’aboutissement, mais des étapes d’un processus menant à de nouvelles mesures d’ingénierie biologico-sociales très prévisibles. Les fiers “anticapitalistes” du gauchisme culturel acceptent le cœur léger cette marchandisation des utérus du Tiers-monde... Et comme ils ne sont jamais en manque d’artifices, ils expliqueront qu’il faut “encadrer” ce marché qui n’existe pas officiellement, et sur lequel ils n’auront aucun pouvoir d’intervention.

Le rapport avec l’islam devient symétriquement d’autant plus crucial, puisque les mesures en faveur des homosexuels heurtent frontalement les préjugés basiques de presque tous les musulmans.

Avec son ton de télévangéliste amateur, Macron a cultivé les ambiguïtés démagogiques vis-à-vis de l’islam dès sa campagne électorale. Sa veule déclaration en Algérie, qualifiant la colonisation de “crime contre l’humanité”, l’esclavagisme musulman dont l’Algérois fut le centre avec ses raids sur les côtes européennes de méditerranée jusqu’en 1830 !, fait qu’il ne serait guère hostile à une capitulation sur le port du voile dans l’école de la République, annonce des trahisons longuement mûries. Comme l’ont très bien compris les idéologues de l’islam, la déclaration d’inexistence à ses yeux de la culture française n’est pas descriptive mais performative : il s’agit bien de l’abolir en gouvernant l’énergie des souvenirs, de la gauche fondamentale qui veille simultanément à faire la leçon sur le “devoir de mémoire”, avec sa technique de double-pensée.

Certains des soutiens de Macron (comme Bariza Khiari, sénatrice PS transfuge) ont la réputation d’être très liés aux Frères musulmans, qui sont les théoriciens de toutes les formes contemporaines de djihad et de conquête musulmane. Cette nébuleuse, considérée comme terroriste en certaines régions ou pays (Gaza, Égypte, etc.), préfère souvent la tactique du djihad progressif, tant que son influence est minoritaire et que l’alliance avec les élites régnantes de toute nature s’avère profitable. Les F.M. ont intégré les techniques de noyautage institutionnel pratiqués par leurs modèles totalitaires. Si le djihad “offensif” et la hargne antisémite ubiquitaire (“apports” de S. Qutb après 1945) demeurent leurs repères stratégiques sur le temps long, la cristallisation d’éléments de charia s’inscrit parfaitement dans leurs méthodes et leurs objec­tifs tout en rencontrant une complaisance “sociétale” illimitée auprès du gauchisme culturel. Le nombre des faits accomplis dans ce domaine est déjà stupéfiant. C’est d’ailleurs ce qui fait écrire depuis une vingtaine d’années aux provocateurs islamistes que la France commence à faire partie du “domaine de l’islam”. Les musulmans venus d’outre Europe sont souvent effarés de voir l’ambiance des zones islamisées dans les Républiques occidentales, beau­coup plus affirmée et agressive que dans leurs pays d’origine. La communautarisation du terrain est net­tement plus avancée que ne le laisserait supposer l’influence directe des pôles djihadistes et salafistes (voir ci-après le texte “Liste provisoire de faits accomplis de charia ”).

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[1Il est intéressant de revisiter un ouvrage de Pierre Souyri, ancien membre de Socialisme ou Barbarie, publié en 1983 à titre posthume : “La Dynamique du Capitalisme au XXe Siècle”, éd. Payot. Malgré un marxisme rigide, Souyri mentionnait p. 256 le rapport d’une commission d’enquête sur la montée de la violence aux États-Unis, qui envisageait une opposition possible, durable et systémique entre un réseau de grandes villes sous contrôle et de secteurs à l’abandon, échappant à l’État. Il n’était pas question de choc civilisationnel dans ce schéma, mais l’intervention d’un tel paramètre vient aggraver prodigieusement la logique à l’œuvre.

[2Lors de l’“université d’été” du Medef, en août 2002, dans une réunion consacrée au thème “Entreprendre dans l’incertitude”, Claude Bébéar, éminence grise du “grand capitalisme” français (ce serait le successeur d’Antoine Riboud, nous répétait une radio comme Bourse FM), s’était lancé dans une péroraison qui venait de loin : “N’ayez pas peur de délocaliser. Vous créerez mille emplois dans des pays qui en ont besoin, alors qu’ici ce ne sera qu’un problème sans importance”. Il explicitait même le fonds de sa position : “La race blanche, par manque de natalité, se suicide, il faut recourir à l’immigration”. Ce Bébéar a créé en 2000 l’Institut Montaigne pour répandre les avis orientés en fonction des besoins de tel ou tel secteur oligarchique.

[3Précédent redoutable, la première “mondialisation” a défini le terrain d’antagonisme de la Première guerre mondiale et ce facteur qui reposait sur le rôle des élites régnantes fut bien plus décisif que l’agressivité supposée des États-nations, dont les populations n’imaginaient nullement, quelques jours encore avant la déclaration de guerre, devoir partir pour la boucherie. Il n’y avait pas de leur part de demande de guerre. Pour saisir les racines de l’épuisement des leviers keynésiens, voir Le Crépuscule du XXe Siècle n°29-30, “L’impuissance du keynésianisme aujourd’hui”.

[4Pour mémoire, cette volonté d’imitation tardive et inavouée des républiques européennes se heurte à l’absence des 4 conditions qui furent indispensables au succès des États-Unis :

  • immigrants de provenance civilisationnelle relativement homogène,
  • très forte démographie interne de la société d’accueil,
  • sélection rigoureuse des arrivants en fonction de leur niveau d’éducation,
  • continent immense à mettre en exploitation.

On estime à 57 millions le nombre total d’émigrants européens vers le continent nord-américain, sur un siècle et demi.

[5L’infamie d’un Chirac, définitivement condamné pour corruption depuis son départ en retraite politique, déclarant en 1995 que “la France” militairement occupée devait assumer la responsabilité de la déportation des Juifs à partir de 1942 résume le personnage : il s’agissait de diluer autant que possible la responsabilité de l’administration et des élites (donc de l’État affirmant rompre avec la République) qui mirent en œuvre ces mesures. Plus il y a de “coupables” et moins il y a de responsables. En somme, il faudrait considérer que même les Juifs français furent des pro-nazis... Ce coup de force encore récemment asséné par Macron, lors de la commémoration en juillet 2017 de la “rafle du Vel d’Hiv’”, réserve le péché originel politique à tous ceux qui ne se situent pas dans une logique de désertion de la nation.

[6Le rapport Tuot fut critiqué officiellement, mais pour sa franchise embarrassante ! Ce logiciel de “reconfiguration” de l’identité française est un véritable mode d’emploi de la liquidation. Il a presque aussitôt fait l’objet d’une mise en application avec les 5 volets de la refondation (M. Sorel-Sutter, Décomposition française, Librairie Arthème Fayard, nov. 2015, p. 275-293). Mis en ligne sur le site du premier ministre, ils forment le premier texte officiel formulant expressément les paramètres de la politique multiculturaliste à l’œuvre.

[7Phrase placée en épigraphe du livre de Malika Sorel-Sutter Décomposition française, qui détaille à quel point les couches régnantes n’ont cessé d’être lucides sur la dégradation de la situation depuis des dizaines d’années, tout en refusant soigneusement de prendre les mesures correctives qui auraient dû s’imposer.

[8Voir David Engels, Le Déclin (la crise de l’Union européenne...), éd. du Toucan, 2013, p. 27 : “le 15 juin 2004, vingt-trois des vingt-cinq ministres européens des Affaires étrangères ont décidé de rayer officiellement Thucydide du Traité de Rome, déclarant du même coup comme politiquement incorrectes les origines antiques de la démocratie...”.

[9Cela correspond à une tendance profonde de la situation, cf Laurent Davezies, in Le nouvel égoïsme territorial, pp 56-57 sur la “fin du keynésianisme territorial” (La république des Idées, Seuil, mars 2015).

[10Voir Le Crépuscule du XXe Siècle n°26, Le bras idéologique et séculier de l’oligarchie”, sept. 2013.

Il est frappant que le personnel de l’appareil médiatique ne dispose de cette nouvelle puissance ni dans les anciens pays de l’Est ni dans les Balkans. Il peut être le pion des cliques régnantes, il n’y jouit pas d’une autonomie d’encadrement de la société. Les spécialistes de la “communication” (nom moderne de la propagande) n’y ont pas pris l’ascendant sur les hommes de pouvoir, à la différence des sociétés plus à l’ouest.

[11La remarque : “Quiconque doute du pouvoir de la répétition est un fou” (dans Dialectique de la Raison, de T. Adorno et M. Horkheimer) pointe le levier fondamental de l’industrie médiatique. Cet ouvrage, par son attaque monomaniaque contre les sources mêmes de l’Occident, peut cependant être considéré comme une offensive d’un raffinement suicidaire. A vouloir trop prouver contre les racines de la civilisation occidentale, ces auteurs ont totalement manqué leur cible, identifier les sources de la barbarie déployée au XXème siècle. Leur silence constant sur la nature des régimes soviétiques, fondé 15 ans avant la prise du pouvoir national-socialiste en Allemagne, constitue une lacune abyssale qu’avait pointée C. Castoriadis. Leur ouvrage, malgré ses lucidités de détail, s’inscrit comme un manuel précurseur de la stratégie naufrageuse du gauchisme culturel, dont la seule raison d’être est désormais le sabordage de la civilisation occidentale.

[12Un amendement retors dans la loi sur la “Moralisation de la vie publique” rend inéligible quiconque aurait été condamné pour “provocation à la haine”, ce qui va permettre d’éliminer toute candidature embarrassante. Le simple fait d’analyser la logique de l’islam ou de refuser de manger halal deviendra-t-il passible d’inéligibilité pour dix ans ? Comment dans ce genre de surenchère, les musulmans ne finiraient-ils pas par devenir seuls éligibles, puisque la haine franche et massive leur est autorisée ?

[13Il convient de rappeler une observation faite en 1978-1979 par C. Castoriadis : “...la Droite a été contaminée par la Gauche ― après la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’est que depuis lors qu’elle n’ose plus se présenter pour ce qu’elle est, et que presque personne ne se dit plus “de droite”. Depuis une trentaine d’années, la Droite rénovée et “sociale” a elle aussi appris le maniement des nouveaux instruments démagogiques. Mais là encore, elle ment moins, si l’on peut dire. Car, d’une part, elle ne présente pas les réformes qu’elle promet comme devant conduire à une changement radical de la condition humaine. Et, d’autre part, elle accomplit effectivement, la plupart du temps, des réformes. Plus même : souvent, elle commence par affirmer que telle disposition serait irréalisable ou ruineuse ― et finit par l’appliquer elle-même quelque temps après”. (voir : “Illusions et vérités politiques” dans Quelle démocratie ?, tome 2, pp 25-39, éd. du Sandre.

[14La “French Tech Night”, en globish caractéristique, fut organisée à Las Vegas en 2016 selon une procédure non conforme (absence d’appel d’offre) et devrait faire l’objet d’une accusation de “favoritisme et recel de favoritisme”.

[15Il s’agissait d’une opération financière concernant précisément Danone. Une telle offensive médiatique serait considérée comme intolérable par la Haute-Administration, puisque Macron aurait dans ce cas utilisé un procédé connu des journalistes, qui serait volontiers pratiqué dans l’Inspection des Finances et qui consisterait à affecter des revenus exceptionnels à des travaux plus ou moins fictifs dans un appartement acheté, que l’on revend ensuite au prix initial, en déclarant une perte équivalente aux travaux, si bien que la somme disparaît des radars fiscaux... Il est à noter que l’opération qui a apporté ce gain à Macron en quelques mois correspond au double ou au triple de ce que Fillon aurait réussi à gratter en plus de 30 ans de labeur électoral. En physique, on parle d’un “changement d’ordre de grandeur”.

[16La manière dont la pieuvre a traité la candidature Mélenchon, rescapé du stalino-gauchisme décomplexé, est éloquente : elle l’a favorisé de manière à saborder le PS agonisant et entraver le FN, tout en le freinant dans les derniers jours afin de le contenir en dessous des deux premiers candidats. Puis elle l’a abandonné dans les élections législatives, ce qui l’a ramené à son socle stalino-gauchiste ordinaire, de 11 %. Enfin, avec la nouvelle Assemblée, cette pieuvre affirme encore son pouvoir de nuisance en favorisant le petit gang de 17 députés liés à Mélenchon, pour les faire apparaître comme la seule opposition capable de protester.

[17Certains ont tenté de comparer Macron, comme Sarkozy il y a quelques années, à la figure de Louis-Napoléon Bonaparte pour qui fut mis sur pied le “Second-Empire”, si mal nommé. En fait, le régime de la Vème République et celui du Second-Empire sont constitutivement des monarchies plébiscitaires. Les analogies viennent de là et non des personnages. L’inconsistance des ectoplasmes qui se succèdent depuis 1995 (Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron) sont le reflet de la perte inexorable de substance de l’État français dans le cadre de l’Union européenne et de la mondialisation.

[18La Cour de cassation a rendu, le mercredi 05 juillet 2017, un arrêt jugeant qu’un enfant né d’une GPA à l’étranger pouvait être adopté légalement par le mari de son père biologique, et donc se voir reconnaître deux parents en France. “Une GPA réalisée à l’étranger ne fait pas à obstacle, à elle seule, à l’adoption de l’enfant par l’époux de son père”, a indiqué, dans un communiqué, la plus haute juridiction.

La Cour fonde sa décision sur les “avancées” de la loi Taubira concernant le “mariage pour tous” (source : BFM Tv, 05 juillet 2017).


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