Sommaire
Avant-propos : Détruire l’Occident, disent-ils
Le XXIe siècle comme Crépuscule du XXe
Renaissance d’un impérialisme archaïque
La quatrième guerre mondiale s’avance
Violences et banlieues françaises
L’affaire des caricatures : plus grave que le 11 septembre 2001
La motivation actuelle du stalino-gauchisme et des “bien-pensants”
L’injection goutte-à-goutte du poison de la charia — ci-dessous
Liste provisoire des faits accomplis de Charia
Premier octobre 2017 : Apothéose des « Nique-la-France » à Marseille
Recension : l’islam à la lumière de la poésie sans rivages
L’acharnement à liquider les nations
Annexe sur le personnage Hitler
Aux sources du totalitarisme (ce stalino-gauchisme qui ne passe pas)
I. La gravité de la situation et son déni
La portée des changements de population survenus depuis 40 ans en Europe occidentale tient d’abord à un effet de masse numérique, méthodiquement occulté en France où le mensonge sur les statistiques a pris des allures soviétiques. Les statistiques “ethniques” sont en effet interdites par l’État français, mais les autorités sont formelles, il n’y a rien d’inquiétant ! La question porte non seulement sur le chiffre absolu des immigrants et de leurs descendants immédiats mais plus encore sur la dynamique de ces chiffres, rapportée aux localisations géographiques : 40 ans après la mise en œuvre du “regroupement familial”, les principales grandes villes n’ont pratiquement plus de couches populaires autochtones. Celles-ci se retrouvent dans les régions périphériques. Ces métropoles ont subi de façon artificielle une réduction “ethno-religieuse” des clivages sociaux, qui favorise une démagogie redoublée. L’ampleur de ces modifications démographiques, niées officiellement, mais enseignées comme “normales” et “inévitables” dans les cours d’histoire délivrés aux élèves, confirme la pertinence du conte philosophique prophétique d’un Jean Raspail [1], qui traitait du déséquilibre numérique imminent qui allait surgir à la suite des démographies divergentes entre l’Europe et le reste du monde. L’auteur n’avait pas envisagé l’intervention du facteur musulman qui s’efforce d’en accentuer les effets.
Pour saisir la nature des leviers historiques agissant aujourd’hui, il suffit de comprendre le rapport entretenu en Europe entre villes et régions attenantes. Depuis le Moyen-Age au moins, la démographie interne des villes européennes a toujours été négative, et seule l’immigration venue de l’exode rural leur a permis une progression. Dans la mesure où la ville semble désormais être partout où se trouvent la télévision et l’automobile, l’Europe occidentale et centrale apparaît comme une ville-continent aux yeux de sa périphérie transcontinentale, c’est-à-dire tout le Moyen-Orient et l’Afrique au moins jusqu’à l’équateur. Si ces flux de population convergeant vers l’Europe évoquent les exodes ruraux anciens, la quantité induit à elle seule une mutation qualitative : le nombre d’arrivants de civilisations extra-européennes rend très difficile l’intégration individuelle, la seule possible. Elle ne pourrait avoir lieu que par une intégration culturelle au fur et à mesure, ce qui est littéralement interdit désormais.
Malgré l’atmosphère dissuasive qui pèse de plus en plus sur la réflexion et la liberté d’expression, il est donc vital de prendre la mesure des conséquences de cette situation. Un ouvrage récent [2] se demande gravement si, par incapacité de prendre des décisions douloureuses, les couches “dirigeantes” de la République française n’ont pas déjà choisi la “guerre civile” comme solution de facilité. Tout à sa préoccupation de conjurer cette “guerre civile”, dont le titre de l’ouvrage affirme pourtant qu’elle “est déjà là”, cet auteur s’interroge sur l’inertie calamiteuse des couches régnant en Europe, qui laissent passer toutes les occasions de réagir. Ce faisant, il suit la même logique schizophrénique qu’un Pierre Manent [3] qui expose dans un premier temps à quel point la République française et l’islam sont en rapport d’incompatibilité existentielle, mais qui dans un second temps se contraint à d’invraisemblables contorsions pour trouver à tout prix un point d’entente, une ligne d’armistice, dont tout indique qu’elle serait immédiatement ba-fouée. L’islam est bien plus qu’une religion, c’est un “mode de vie total”, le plus hostile qui soit à toute altérité, structuré de manière à ce que tout compromis avec lui ne soit qu’une étape vers la capitulation. La situation est donc beaucoup plus grave que ne le conçoivent ces auteurs. Les couches régnantes qui tiennent les leviers de l’État, n’ont de cesse de disloquer la République et la nation par leurs décisions politico-économiques, leurs atermoiements et leurs hésitations. Le plus probable est qu’ils ont déjà choisi la capitulation préventive devant l’islam, à condition qu’elle soit discrète, et qu’ils puissent dire : “c’est trop tard, on ne peut plus rien y faire”. Cette attitude se retrouve dans les principaux États-nations européens, mais les oligarques français ont poussé la veulerie plus loin que leurs semblables des pays voisins et se préparent à faire encore pire.
Cette ligne correspond très logiquement à la perspective fondamentale de Macron et de son “parti” numérique d’adhérents gratuits, car seul le terrain “sociétal” lui permettra quelques mesures concrètes, pour détourner l’attention publique de ses bluffs sur l’économie. La source de son succès si peu politique a tenu avant tout, comme celui de Hollande en 2012, à sa promesse implicite de trouver une solution indolore qui sauvegarderait une société de consommation croissante. Ceux qui persistent à voter sont avides d’optimisme et refusent de percevoir ce qui crève les yeux à tout observateur attentif. Il y a une ligne de flottaison dans la société : soit on est au-dessus et la consommation personnelle peut augmenter régulièrement, soit on est en dessous et on subit stagnation, attrition et appauvrissement. Et cette ligne de flottaison ne cesse de s’élever, corrélée qu’elle est au processus de mondialisation synonyme de péréquation planétaire de la richesse par niveau social. Après quelques dizaines d’années de resserrement de l’éventail des revenus entre 1950 et 1975, une logique de divergence prévaut depuis les années 1980, et personne ne peut dire jusqu’où ira cette inversion.
La multiplication fracassante d’attentats expressément musulmans dans les pays occidentaux depuis 2004, et surtout 2012, n’est pas une succession de hasards malheureux mais le produit d’une situation prévisible depuis longtemps et la partie émergée d’un iceberg sur lequel s’appuient les organisateurs de l’islamisation de la société [4]. Seule une minorité de ces opérations de guerre, parfois déjouées, se rattachent au moins vaguement au prétendu “Califat”. Sa défaite militaire en Syrie-Irak n’empêchera nullement les actes terroristes djihadistes en Occident. Peu importe que ce “Califat” se transforme ensuite en entité fantôme ou que chacune des mouvances qu’il fascine suive sa propre trajectoire barbare. Entre 2004 et 2015, de Madrid à Londres, de Paris à Berlin, la catastrophe que représente l’irruption de populations musulmanes en Europe est devenue une évidence écrasante qui doit rester indicible, ou du moins ne jamais pénétrer dans la sphère du langage politique. Ainsi que le constatent les Polonais, les Tchèques, les Slovaques et les Hongrois, rescapés d’une occupation militaire de 44 ans par un empire despotique oriental, et attachés à leur identité et leur autonomie : là où il n’y a pas de musulmans, il n’y a ni salafistes, ni djihadistes [5].
L’islam guerrier n’est que la partie avancée d’un ensemble d’activités fondées sur des principes anthropologiques déterminés à coloniser le monde entier, conformément à ce qui est ouvertement proclamé dans ses textes “sacrés”. Il est sidérant de voir que l’islam est en conflit partout où il se trouve au contact avec d’autres civilisations, et que la guerre est même la norme entre ses différentes factions. L’“islam, religion de paix” est tout aussi invraisemblable que “l’anarchie sans le chaos” ou le “socialisme sans le goulag”. Mais un véritable corps de contrôleurs, héritiers de l’industrie du mensonge marxiste-léniniste, s’efforce d’interdire jour après jour cette observation lucide de s’exprimer ouvertement dans les derniers lambeaux d’un espace public, soumis aux ravages de l’industrie médiatique. Une nouvelle utopie, prétendant fonder un régime multiculturaliste n’a jamais existé nulle part s’évertue à imposer une modification chronique de la perception commune.
Quelques individualités en France parviennent encore à faire entendre une voix de dissidence approximative, bien que leur nombre évoque un “village gaulois” qui n’aurait pas voulu capituler devant la conquête impériale. Si la pieuvre médiatico-politique ne parvient pas à réduire au silence les Zemmour ou les Finkielkraut, il y a fort à craindre que les escadrons de la mort djihadistes viennent suppléer cette carence, comme cela s’est passé pour la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, pourtant si rarement offensif vis-à-vis de l’islam. Les projets d’attentats islamistes contre le Front National, pour le moment avortés ou déjoués, confirment le caractère inéluctable de cette pente des événements. La gauche fondamentale se montrera d’une compréhension jubilatoire devant l’éradication physique de tous ses opposants, conformément à la bonne vieille méthode bolchevique de l’extermination des récalcitrants, quelles que soient leurs positions. L’argumentaire sera, comme pour les rédacteurs de Charlie-Hebdo, qu’“ils l’ont bien cherché”.
II. L’oligarchie et les serviteurs issus de la contre-élite
Dans la plupart des domaines politiques et sociaux, le régime oligarchique s’efforce de geler toute initiative qui viendrait de la société. Il ne cesse de jouer sur les doses massives de soporifiques produits par la société de consommation. Le succès rencontré par ce type d’organisation sociale depuis les années 1950 est tel que tout appel au sursaut fait figure d’embarras particulièrement fâcheux. Moins cette société de consommation semble viable, et plus les populations qui y ont goûté s’y raccrochent, sur le mode du “encore un instant, Mr le bourreau”. Cette addiction est telle que les couches régnantes doivent même biaiser laborieusement avec cette inertie, afin qu’elle ne se transforme pas en sursaut imprévisible. Comment ne pas voir la corrélation entre l’ouverture de plus en plus large des frontières et la volonté impérieuse des oligarchies d’obtenir une diminution drastique du niveau de vie pour les couches populaires et moyennes occidentales ? L’abstention nettement majoritaire aux élections législatives françaises du printemps 2017 a valeur de sécession de fait. Les Occidentaux des zones périphériques pressentent ce qui les attend.
Toutes les républiques d’Europe occidentale vivent aujourd’hui sous un régime de terreur musulmane, puisqu’il est interdit sous peine de mort d’émettre la moindre remarque sur un certain “prophète” [6] : si son statut n’est pas divin, c’est très bien imité. Cette atmosphère de menace qui imprègne les républiques athées et qui est si contraire à “l’abolition” officielle de la peine de mort, ne provoque même pas de réactions d’insubordination massive. Les musulmans ont donc acquis un premier avantage, gigantesque : le monopole de la peine de mort sous prétexte politico-religieux !
Cette terreur n’est pas simplement “exogène”, puisqu’elle est excusée et relayée par l’intelligentsia dominée par le gauchisme culturel, dont la nomenklatura médiatique, avec l’infanterie de choc du parti-journaliste, sont aujourd’hui les rejetons les plus influents : ils reproduisent en les amplifiant les procédés des “intellectuels progressistes” des années 1950 et 1960, qui s’efforçaient d’excuser les bureaucraties totalitaires de l’est-européen quand elles écrasaient les révoltes ouvrières. Ces intellectuels, auto-proclamés “avant-garde” de la lucidité, ont alors acquis une habileté exceptionnelle quand il s’agit de produire des séries d’excuses acrobatiques et interminables sur l’air du “moindre mal”, ce que leurs maîtres “soviétiques” étaient incapables de formuler par eux-mêmes [7]. L’ambition d’occultation civilisationnelle vient redoubler chez ces héritiers l’aveuglement constitutif du marxisme sur la dimension nationale. Les démentis que leur inflige la réalité historique les incite comme toujours à une surenchère de volontarisme onirique. Chaque étape du délabrement est présentée comme un prix à payer, provisoire, sur le chemin d’un progrès absolu qu’ils sont seuls à entrevoir. Ils ne veulent pas se souvenir que l’égoïsme sacré de la nation, qui les révulse officiellement, est peu de chose en regard d’un égoïsme sacré religieux !
Ainsi, ceux qui parlent de l’islam comme “deuxième religion” de France (tels Todd ou Plenel, ces figures du gauchisme culturel issues en ligne directe du stalino-gauchisme) s’alignent sur l’idéologie musulmane intégriste, qui ne veut prendre en compte que les populations soumises à une religion, tandis que les autres sont vouées à la liquidation physique. Comme “représentation du monde” en France, la religion catholique est seconde par le nombre de ses adeptes, et l’islam au mieux troisième par ordre d’importance. Cet escamotage impudent des masses françaises émancipées de l’hallucination religieuse constitue une capitulation enthousiaste destinée à encourager sans cesse les partisans d’une charia. La majorité de la population française, davantage encore que les autres peuples occidentaux, se dissocie toujours plus de l’aliénation religieuse. L’effet de divergence avec les musulmans est d’autant plus considérable que les populations venant d’outre-méditerranée s’efforcent au contraire de réutiliser la religion (transformée en idéologie) comme principe d’organisation sociale.
Le battage de la police idéologique dans les médias veut rejouer la traque contre quelques criminels nazis après 1945. En croyant mimer le couple Klarsfeld, les stalino-gauchistes expriment leur atavisme politique de procureur par vocation, dont le modèle est le Vychinski des Procès de Moscou, puisqu’ils ne s’affrontent pas aux institutions, mais s’appuient d’emblée sur les leviers des pouvoirs établis en les infléchissant vers des décisions arbitraires. Un bon stalino-gauchiste se rêve “chasseur” d’Occidental comme un “nazi” conforme était avide de traquer le “Juif”.
Avec leur passé de bâtisseurs de goulag, de compagnon de route de toutes les bureaucraties soviétiques et leur pedigree de porteurs de valise (idéologiques ou non), les héritiers du stalino-gauchisme n’ont absolument rien contre la réapparition de l’esclavage que leurs modèles ont su réinventer de la Sibérie aux confins chinois, pourvu que cet esclavage concerne aujourd’hui les Occidentaux des couches inférieures. Il y a là une convergence fondamentale avec le programme du Parti des Indigènes de la République, dont le délire de la pasionaria Bouteldja, qui s’obstine à vivre aux crochets de la République française, a vendu la mèche : les “Blancs” et les Juifs sont les cibles de ce projet esclavagiste décomplexé. Cette Bouteldja ne fait que reprendre la tradition de l’Algérois, qui organisait les raids esclavagistes musulmans sur toutes les côtes européennes de la méditerranée depuis le XVIe siècle jusqu’à 1830, année où l’irruption des troupes françaises y mit un terme.
Cette contre-élite des contrôleurs de conscience et des pisteurs oniriques d’arrière-pensée est représentée par des milieux socialement différenciés, mais profondément homogènes par leurs intérêts matériels, leurs préjugés et leurs objectifs : ces personnels protègent d’instinct et avec acharnement les processus d’hégémonie musulmane sur la société, qui leur paraissent les plus susceptibles d’accélérer sa dislocation en communautés séparées. On sous-estime toujours l’instinct sinistre de cette gauche fondamentale, si apte à dire une chose et faire son exact contraire.
Les institutions judiciaires, dominées par les juges “de gauche”, ne cessent d’infléchir la jurisprudence avec une complaisance et une tolérance exceptionnelles vis-à-vis de la surdélinquance musulmane qu’il est interdit de nommer comme telle [8], et qui assume les caractéristiques d’un proto-djihad, auquel il ne manquait que la jonction avec une formulation idéologique systématique [9]. L’insécurité capillaire qui se répand depuis 40 ans est surdéterminée par les effets dévastateurs de la culture de la brutalité, cette rhétorique du choc que l’industrie culturelle banalise à chaque instant, et par la permissivité rabique imposée par la gauche fondamentale devant la délinquance : les Bolcheviks ne qualifiaient-ils pas de “socialement proches” les prisonniers de droit commun du goulag, dont l’activité verrouillait l’oppression de cette structure concentrationnaire ?
L’ensemble de la bureaucratie artistique, depuis les bonzes du ministère de la “Culture” jusqu’au bas-clergé des “intermittents du spectacle” agit comme un groupe de pression obsessionnel et acharné pour justifier cette terreur diversifiée et capillaire au nom d’un impératif de “tolérance” à sens unique et sans mémoire. Le psychodrame du début de 2016 sur la mesure de “déchéance de nationalité” française, qui a avorté dans la plus grande confusion, dégage un message de fermeté implacable contre les cibles des actes terroristes : nous devrions survivre désarmés parmi les loups de l’islam, à jamais. Cette situation évoque la menace ubiquitaire que les autorités catholiques imposèrent aux Cathares. Le stalino-gauchisme, de par l’origine catholique des bataillons désormais décatis de pro-chinois formés dans les années 1960, relève d’un même univers mental de férocité cynique. Ils prolongent leur tropisme assassin par d’autres moyens. Le non-surgissement du socialisme spontané en Russie avait suscité dès 1918 un mépris inexorable des Bolcheviks pour le “peuple”, incapable de se hisser à la hauteur des tâches définies par les détenteurs auto-proclamés de la conscience historique. Leurs déclarations monomaniaques de “bonnes intentions” auraient valeur amnistiante de leurs forfaits !
Ces chamanes de l’idéologie, journalistes, intellectuels universitaires, publicitaires, juges, enseignants, psychologues, etc., assument donc de plus en plus les caractéristiques d’une police mentale mêmement déterminée. M. Bock-Côté décrit avec un luxe de détail impressionnant la religion politique qui les anime et qui leur inspire une gamme incroyablement diversifiée d’ingénieries sociales expérimentales [10]. Pour eux, les sociétés sont des rats de laboratoire à dépecer vivant et à réassembler comme un mécano.
Le multiculturalisme nord-américain et le gauchisme culturel se complètent et convergent pour aggraver le penchant caractéristique de l’intelligentsia occidentale, bien que celle-ci ne puisse plus se référer à un système idéologique monolithique. Les hallucinations nommées “socialisme”, “anti-impérialisme”, “tiers-mondisme” toutes fait naufrage sans retour, tout en laissant des séquelles indélébiles chez leurs adeptes, alors que les “États idéologiques”, de type national-socialiste ou soviétique, ont produit des résultats infiniment pires que ceux des États-nations occidentaux capables d’utiliser les mécanismes capitalistes. L’histoire a tranché, elle ne repasse pas les plats.
Cette gauche intégriste vise désormais à rééduquer en profondeur les sociétés occidentales, c’est-à-dire à les mutiler sans retour [11], et les conséquences promettent d’être aussi accablantes que dans le cas du “socialisme réellement existant” [12]. Il suffit de voir l’état de délabrement des productions artistiques dans ces pays, ou la désintégration de l’enseignement : en France, le tripatouillage des notes sert à dissimuler le fait que moins de 30 % et non 80 % des élèves ont le niveau d’un baccalauréat des années 1970. Voilà ce qu’est devenu le seuil d’accès à l’université. Le seul “niveau” qui monte est celui des falsifications.
III. Réouverture d’une faille géopolitique
L’arrière-plan de tous ces processus est constitué par une aggravation des fractures géopolitiques. Il ne s’agit pas d’un “accident” qui se réduirait aux décisions étasuniennes dans la région du Moyen-Orient : la situation du régime syrien n’est pas imputable à l’Occident, et l’implosion de 4 États musulmans arabes depuis 2011 n’est pas l’effet d’intentions “hostiles à l’islam”, mais un produit des contradictions internes intenables de ces sociétés. Quoi que fassent ou ne fassent pas les États occidentaux, la décomposition des États musulmans s’aggrave avec leur démographie insupportable et leur incapacité à se moderniser. L’Afrique subsaharienne, au moins dans sa partie ralliée à la religion musulmane et qui a subi et relayé le seul esclavagisme effectivement génocidaire pendant 14 siècles [13], est dans la même nasse.
Dans le procès que la gauche fondamentale dresse inlassablement contre les États-Unis et l’Occident tout entier, il y a une occultation systématique des moments où l’Occident est venu protéger des populations musulmanes, voire s’allier à elles. Cette monomanie de la réécriture permanente de l’histoire, même immédiate, demeure l’une des grandes activités du stalino-gauchisme de granit [14].
- tout au long des années 1980, les États-Unis arment et équipent la rébellion afghane contre l’occupation soviétique (la fourniture de missiles Stinger fut décisive pour annuler l’avantage aérien des soviétiques avec leurs hélicoptères)
- en 1985-1986, l’État français est cobelligérant avec l’agresseur arabe irakien contre l’Iran (c’est d’ailleurs la cause de plusieurs attentats à Paris) : des Super-Étendards français avec des pilotes français ont participé aux opérations de destruction du terminal de Kharg et de tankers pétroliers iraniens, tandis que les États-Unis ravitaillèrent secrètement les Iraniens.
- en 1991, les États-Unis entraînent une action de protection de la péninsule arabique et la libération du Koweït contre l’armée irakienne. C’est d’ailleurs le fait que les États-Unis sont venus au secours de cette péninsule qui a motivé la cristallisation d’un djihad anti-occidental. En Orient, il est des cadeaux qui sont considérés comme particulièrement humiliants quand ils mettent en lumière un état de faiblesse ou de besoin ! ’univers occidental intoxiqué de christianisme benêt ne sait toujours pas identifier ce réflexe.
- en 1994-1995 et en 1999, l’Otan intervient sous direction étasunienne pour protéger de façon efficace les musulmans de Bosnie et du Kossovo (les États européens étaient paralysés par leurs divergences).
- l’attaque de l’Afghanistan en 2001 résulte directement de l’agression djihadiste aux États-Unis, mais cette opération bénéficie d’alliés dans le pays même (Tadjiks et Turkmènes, mais aussi Chiites, si durement traités par les Talibans).
- l’attaque de l’Irak en 2003 fut bienvenue pour les Kurdes tandis que les Arabes chiites restaient totalement “neutres” sur le moment. La politique américaine a échoué à transformer l’Irak en alliée parce que cet État reposait sur la clientèle sunnite du pouvoir de Saddam Hussein, clientèle sunnite qui était déjà le relais du pouvoir sous l’empire ottoman. En Afghanistan, comme en Irak, l’objectif étasunien s’est heurté à la réalité de sociétés à statuts, réalité avec laquelle le monde occidental a radicalement rompu depuis ses grandes Révolutions : sunnites, chiites, Kurdes, etc., sont des communautés à peu près étanches les unes aux autres. Il ne s’agit pas de sociétés d’individus, ce qu’était restée l’Allemagne de 1945 malgré les tentatives hitlériennes pour sortir de l’Occident [15]. Le Japon, pour sa part, s’est avéré capable d’une adaptation prodigieuse (et sans doute réversible) dans la reprise de dimensions social-historiques occidentales. Le danger soviétique a facilité le type de compromis par lequel ces pays sont devenus les alliés de la puissance victorieuse. C’est tout cela qui n’a pu ni ne pourra être réédité dans le monde musulman...
- l’aide fournie aux insurrections libyennes a réussi à renverser le régime de Kadhafi, mais les Occidentaux se sont gardés de vouloir définir le régime qui suivrait : c’est ce qu’on leur reproche aujourd’hui alors que, pour l’Afghanistan, le reproche est inverse. La Libye comme l’Irak se sont avérées incapables de s’organiser de manière acceptable pour l’ensemble de leur population. La direction chiite de l’Irak a tenu à se venger des massacres saddamistes et à humilier les populations sunnites qui avaient tant maltraité les Chiites et les Kurdes (par l’utilisation de gaz de combat contre ces deux populations, et la déportation de centaines de milliers de Kurdes vers le sud de l’Irak).
- en Syrie, le régime baassiste a misé sur l’exacerbation des haines intercommunautaires et la société syrienne n’est pas parvenue à trouver une réponse unitaire face à la dictature. Il est reproché aux États britanniques et français de n’avoir rien fait alors qu’ils étaient au bout de leurs capacités après l’opération libyenne. Ce sont les États-Unis d’Obama qui ont décidé de rester largement passifs, tout en laissant les soutiens venus d’Arabie et de Turquie armer les djihadistes, mouvements les plus adaptés à la manipulation des haines interconfessionnelles (le régime d’Assad en libérant des centaines de djihadistes avérés en 2011 a joué la politique du pire). Les rares unités syriennes formées et entraînées par les Occidentaux sont d’ailleurs le plus souvent passées avec armes et bagages du côté de telle ou telle faction djihadiste, avec un effet dissuasif parfait pour toute aide ultérieure.
- quant au Yémen, qui a explosé en 3 ou 4 entités et que l’Arabie saoudite s’efforce de laminer, le rôle des Occidentaux y est secondaire, même s’ils acceptent de ravitailler l’Arabie saoudite pour laquelle le Yémen constitue une hantise puisqu’elle l’a déjà en partie dépecé en lui arrachant la région de l’Asir dans les années 1930.
L’apparition d’un Califat-croupion en 2014 à Mossoul, dans la Djezireh, a aggravé la réouverture d’une “faille géopolitique” dans le nord de la Syrie et de l’Irak, au carrefour de l’Ancien Monde. L’activation d’une telle faille dans la zone qui court de Chypre jusqu’au Zagros, a souvent été corrélée à d’immenses répercussions sur l’ensemble du bassin méditerranéen, parfois jusqu’à l’Asie centrale. La question kurde pourrait prendre le relais [16].
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