La priorité, disqualifier la police de la pensée
Le précédent numéro du Crépuscule (n° 33-34) s’efforçait de résumer l’ensemble des caractéristiques de l’agression islamiste sur les sociétés occidentales pour en expliciter la portée. Il s’agit ici de souligner les raisons d’une critique prioritaire du gauchisme culturel et du multiculturalisme, tant leur rôle de collaborateur et de naufrageur favorisant cette agression est fondamental. Cette démarche se conforme à un principe élémentaire qui guida la logique préparatoire des révoltes dans les camps de Sibérie peu après la mort de l’égocrate Staline. Les zeks (les prisonniers du goulag), parmi lesquels les partisans ukrainiens étaient alors nombreux, décidèrent de différer leur insurrection pour s’en prendre d’abord aux mouchards et aux collaborateurs de l’administration des camps. Les soulèvements purent ensuite prendre une ampleur d’autant plus considérable [1]. Malgré la terrible répression dont les “organes” du surdespotisme oriental soviétique étaient coutumiers, ces insurrections interdirent la pérennité de l’archipel du Goulag. En quelques années les libérations de masse réduisirent qualitativement cette structure concentrationnaire qui, sous couvert de “rééducation”, avait inventé un nouveau type d’esclavage particulièrement mortifère au nom d’un avenir radieux qui ne devait jamais advenir. Par comparaison avec les structures carcérales déliquescentes des républiques d’Europe occidentale, l’appareil de colonies pénitentiaires demeure très étendu en Urssie, cette Russie qui rêve toujours de redevenir un empire. Mais il a perdu sa fonction de terreur irradiant toute la société. Sans le triple levier de la terreur de masse, des camps et de l’idéologie, aucun régime socialiste ne peut durer.
Le XXème siècle a montré l’ampleur des catastrophes que produit le volontarisme émanant d’une “religion politique” telle que le soviétisme ou le national-socialisme. Un siècle après le début du désastre russe, aucun partisan d’une forme de socialisme ne s’est montré capable de tirer le moindre bilan lucide de “l’expérience” soviétique infligée à un tiers de la planète. Cette imperméabilité aux faits montre à quel point toute référence au socialisme demeure de nature para-religieuse.
Le fétichisme des notions de “gauche” et de “droite” empêche de prendre la mesure de l’imposture de cette gauche fondamentale depuis un siècle : elle n’a cessé de trahir ses références proclamées au point d’inventer un nouveau type de despotisme reposant sur une forme d’oppression et d’esclavage frappant toute la société, et surtout les couches les plus démunies. La complicité de la gauche fondamentale avec la prédation islamiste prolonge cet atavisme idéologique. Illustration récente de cette caractéristique : les cortèges de femmes protestant en Allemagne contre les agressions sexistes des “migrants” doivent être protégés du squadrisme “antifa” par la police !
Comme les Grecs de l’antiquité, Rousseau savait que l’histoire est faite par les êtres humains, et non une quelconque puissance transcendante, n’en déplaise à toutes les arriérations monothéistes. La question politique devenait de ce fait centrale. Mais les rousseauistes ont préféré croire qu’il suffirait de faire surgir le “bon sauvage” qui serait en chacun. Les successeurs “révolutionnaires” de Rousseau, qui l’auraient fait monter sur l’échafaud pour modérantisme, ont montré à partir de 1917 que tout progressiste politique finit par être habité par un totalitaire qui hurle qu’on le laisse enfin sortir !
Le vertige écologiste, de source apparemment nouvelle, vient à sa façon relayer et aggraver les niaiseries essoufflées des technocrates de l’histoire.
Même le milieu anarchiste résiduel en France suit cette pente, comme le montre la farce discrète qui l’occupe depuis quelques années : le slogan “ni Dieu ni Maître” qui le caractérisait jusque-là, tel une marque commerciale, a été secrètement déclaré anathème. Cette auto-censure honteuse argue de la nature prétendument “islamophobe” de ce slogan. L’affaire est si impérative que les récalcitrants deviennent la cible d’intimidations caricaturales. Cette anecdote, qui serait désopilante si elle n’était aussi symptomatique, confirme que le comportement toujours plus régressif de la gauche fondamentale déborde de toute part les sources marxistes-léninistes et concerne l’ensemble des tendances socialistes issues du XIXème siècle. En prétendant détenir l’accès à une tradition d’émancipation humaine généralisée, tous ces petits soldats d’une histoire fantasmée ont repris et systématisé les tares des intellectuels professionnels, dont la vision se limite aux mirages que leurs lunettes doctrinaires les autorisent à distinguer. Ces imitateurs ne cessent de bricoler des embryons de “système” abstrait qui, en se voulant guide pour l’action, finissent toujours par se transformer en laborieux plagiats de scénarios religieux. Désespérant d’influencer le cours des choses, leur surenchère acharnée les amène, à l’instar de joueurs, à recommencer les mêmes erreurs, pour finalement cautionner des affects de plus en plus primitifs. Ils n’en deviennent jamais les maîtres, mais ils s’appliquent à en devenir les compagnons de route quand même. La répétition monotone du procédé invalide leurs refrains sur la spontanéité et l’“innocence”. Leur principe le plus sinistre consiste à prétendre incarner le “sens de l’histoire” dont ils se veulent les garants. Ils se considèrent comme une élite autorisée à reformater le “peuple” qui ne voudrait pas s’aligner sur leurs lubies : il s’agit de le rééduquer, et s’il est incorrigible de le remplacer. Après le déroulement si calamiteux du premier XXème siècle (1914-1956), leur incapacité à tirer un bilan circonstancié du naufrage final du totalitarisme soviétique implique que tout gauchiste est désormais aligné sur l’imposture stalino-gauchiste. Les idéologues concentrent leurs énergies déclinantes sur l’élaboration de lubies démultipliées afin d’alimenter leur obsession récurrente : encadrer les “luttes” des autres et les “coordonner” en prétendant les faire “converger”. Ils entendent se placer au confluent supposé de ces “luttes”, lieu géométrique de l’accumulation de pouvoir auquel ils aspirent.
Tous ces héritiers de la plus grande entreprise concentrationnaire de masse ne cessent donc de distiller de nouvelles ingénieries politico-sociales destinées à saccager les sociétés occidentales. Au fil de ses mutations de façade, la gauche tout entière persiste ainsi à prolonger l’industrie du mensonge agressif que ses factions les plus barbares ont tissée depuis un siècle. L’absence totale de scrupules derrière le paravent d’un imperturbable moralisme à géométrie variable est à la base de tous ses procédés. L’indignation sur commande, d’ascendance inquisitoriale, est son dialecte de référence, les accusés devant faire repentance ou prouver leur “innocence”.
Nouvel égorgement et sursaut d’automne
Une situation nouvelle s’est déployée à l’automne 2017 : le stalino-gauchisme s’est soudain retrouvé à découvert, non seulement pour quelques esprits lucides luttant à contre-courant, mais aussi aux yeux d’une opinion diffuse et multiple. En plusieurs occasions, le complexe médiatico-politique a même hésité à décerner le brevet habituel d’immunité aux doctrinaires hystériques de cette gauche fondamentale.
Ce relatif changement d’atmosphère tire son origine de l’ébranlement initié par le tsunami migratoire de 2015 et l’accumulation des crimes islamistes, dont le double meurtre de Marseille commis le premier octobre 2017 représente la goutte d’eau qui fait déborder le vase de l’incrédulité publique. Les ondes de choc induites sont d’autant plus pénétrantes qu’elles passent sous tous les radars politiques et médiatiques. Ce double assassinat, qui tient du meurtre rituel (l’égorgement ne laisse aucun doute) et du viol barbelé (l’éventration de la deuxième jeune fille), résume à la perfection l’objectif et les moyens fondamentaux de toutes les variétés de “Nique-la-France”. De leur point de vue, une apothéose triomphale a été atteinte sur les marches de la gare St-Charles à Marseille (voir “Apothéose du “Nique-la-France” à Marseille”, pp 8-11).
La “mondialisation” apparaît à la majorité des populations des Républiques occidentales comme une tiers-mondisation sauvage imposée d’en haut. Ceux qui ne s’y résignent pas subissent une criminalisation progressive qui emprunte à des techniques soviétiques greffées sur les monomanies islamistes. Les crimes imaginaires, comme le blasphème ou “l’islamophobie”, ne cessent d’être invoqués parce que le “châtiment” (entendre “les représailles”) se veut illimité. Au Pakistan comme au Bengladesh, une impression de blasphème chez les intoxiqués de religion suffit à condamner leur cible au lynchage public.
Le stalino-gauchisme à la peine
Les idéologues les plus obtus et les plus butors de cette survivance totalitaire, ancrés dans leurs provocations habituelles, se sont donc heurtés à des mécomptes inédits à l’automne 2017, leurs tirades délirantes faisant sursauter bien au-delà des dissidents occidentaux qui refusent la soumission préventive à l’islam le plus implacable.
La Obono [2], cette députée de la “France-si-soumise”, s’est particulièrement distinguée : issue du millénarisme stalino-gauchiste le plus décomplexé, celui qui prétend faire des musulmans le messie collectif du XXIème siècle, faute d’un prolétariat acceptant de se laisser passer au hachoir totalitaire, sa proclamation de solidarité avec le Parti des Indigènes de la République (sigle dont chaque mot est un mensonge et qu’il faudrait remplacer par “Gang de Colons anti-républicains”) a achevé de la démasquer. Au terme d’une série de bévues et de provocations de plus en plus scandaleuses, Obono a tenu à affirmer sa complicité avec la caricature qui leur tient lieu de porte-parole, Houria Bouteldja, islamiste et racialiste officielle. Celle-ci semble d’ailleurs vivre depuis longtemps aux frais de la République en étant “employée” par l’Institut du Monde arabe qui aurait dû être financé par les États du Golfe. Mais, dès l’origine, ils se sont bien gardés d’y mettre le moindre dollar ! Il est probable que le “Louvre Abou Dhabi” connaîtra le même sort : l’État français devra-t-il l’entretenir à ses frais pour donner l’illusion d’un contact avec le monde musulman, qui se délecte de cette farce ? Cette Houria Bouteldja, qui venait de réussir à se faire inviter par les islamo-gauchistes de l’université de Limoges et ceux de Lyon-II, a vu ses projets déjoués. L’indignation a été telle que ces deux opérations ont dû être annulées [3].
Ces obsédés du prétendu “racisme d’État” apparaissent comme des idéologues forcenés : de camp “décolonial” en stages de formation à la lutte anti-raciste onirique, productrice de carrières nichées dans de confortables sinécures, ils s’étonnent de voir leur quincaillerie démasquée. Leur obsession d’un “racisme d’État” en Occident sert à escamoter le fonctionnement effectif des 57 régimes musulmans, invariablement despotiques, où le sexisme et le racisme sont enracinés dans leurs traditions et leurs institutions, avec la caution d’un livre prétendu “saint”. En organisant des stages “non-mixtes” (entendre, “interdits aux Blancs”, mais aussi aux Noirs qui seraient en trop bons termes avec les Blancs, il suffit pour cela d’avoir été élevé dans une famille “blanche”), le syndicat Sud-Education du département de Seine-St-Denis cautionne instinctivement un principe formulé par Goebbels, “est juif celui que nous définissons tel”, sous la forme : “est blanc celui que nous désignons ainsi” [4].
Énième provocation du genre, les prières de rue à Clichy, avec des militants venus de loin (dont un représentant de l’Inquisition musulmane, le CCIF, ce “Collectif contre l’Islamophobie en France”), passent de plus en plus mal. La manœuvre sert à multiplier les mosquées comme des petits pains, en contestant la localisation de celle qui vient d’être construite, en contravention avec la loi de 1905 pourtant.
Ainsi s’aiguise la conscience publique concernant l’extension incessante de l’archipel de la charia, dont le Califat-croupion a illustré ce que deviennent ces zones une fois pleinement constituées : des goulags à ciel ouvert pour ceux qui ne capitulent pas devant les délires islamistes.
La pieuvre médiatico-politique manœuvre
Le dialecte de la pieuvre médiatico-politique est greffé sur la religion politique de la gauche fondamentale, qui fournit le levier le plus adapté à une industrie de la falsification et de l’oubli. Mais ce dialecte innove en ceci qu’il ne prétend nullement à la cohérence. Plus pragmatique que les idéologies en perdition, il peut tolérer brièvement toute critique ou contradiction, du moment qu’elle reste isolée et partielle. Et quand le déroulement d’événements et de polémiques n’est plus maîtrisable, cette pieuvre n’essaye pas d’argumenter ni de ressasser un credo, elle procède par saut. Elle se saisit d’un événement plus ou moins frappant dont la description et le commentaire occupent soudainement, pendant des jours, tout l’espace des divers médias, afin de provoquer une “remise à zéro” de la mémoire collective “publique”.
Le barnum funèbre organisé en décembre 2017, au moment des obsèques d’un chanteur populaire, a été mis à profit pour faire oublier le dévissage des intégristes du gauchisme culturel. Il est cependant apparu qu’un peuple de France redevenait en cette occasion fugitive visible à lui-même et au monde. Comme l’opération s’avérait périlleuse puisque l’engrenage de révélations et de dévoilements embarrassants de l’automne pouvait se trouver réactivé par un autre biais, l’accident de car scolaire sur un passage à niveau de Millas, dans le Roussillon, a permis d’enchaîner une deuxième “remise à zéro”. L’insignifiance des rhétoriques de fête diffusées en boucle est venue rallonger la séquence du vide.
Une telle augmentation des doses d’oubli industrialisé trahit une efficacité décliante. Le procédé est d’autant plus fragile qu’à tout moment peut se produire un attentat réactualisant instantanément les aspects déterminants de la situation, que la pieuvre médiatico-politique s’escrime à désamorcer et à effacer au fur et à mesure. Les menées du djihadisme dans les prisons sont ainsi venues à la surface en janvier 2018, malgré l’omertà systématique de la pieuvre médiatique. L’attentat de Carcassonne-Trèbes du 23 mars 2018 est venu confirmer que la situation continue à se détériorer partout. L’assassinat d’Elisabeth Knoll, le même jour à Paris, dont les détails ont été si bien escamotés (elle a été égorgée, comme le lieutenant-colonel de gendarmerie Beltram à Trèbes) parachève la démonstration.
Le gauchisme veut croire absolument en une accumulation potentiellement illimitée de “bienfaits”, à l’image de l’hallucination capitaliste d’une croissance éternelle. Tant que la condition humaine n’a pas été “révolutionnée” selon leur goût changeant, nous serions dans la “préhistoire”. L’esprit subversif se veut attitude de critique saine, forcément saine, promesse en soi de dépassements indéfiniment ébouriffants. Le vertige béat d’un progrès permanent et fictif qu’il suffirait d’affirmer pour qu’il advienne constitue le socle métaphysique de cette irrationalité forcenée [5].
Le cours du XXème siècle a permis d’identifier la redoutable consistance de ces méthodes : ce maximalisme compulsif tente toujours d’agir par des coups de théâtre, au prétexte que la politique du pire, par la rupture symbolique et brutale, serait la seule à offrir des perspectives d’aboutissement à l’idéal du moment. Il est toujours trop tard pour prendre le temps de la “réflexion”. L’urgence manipulée se veut si impérative que ses porteurs entendent criminaliser toute critique de leurs coups de force, quitte à justifier des procédés de coercition très “matériels”. Les milices antifas en cours de structuration s’inscrivent dans ce sinistre délire en acte, en bénéficiant d’une impunité croissante auprès des juges de leur bord politique. La logique des ZAD prend d’ores et déjà l’allure d’un effort pathétique de la part du versant le plus activiste du gauchisme culturel : il tente, sur des lieux isolés, hors sol, d’imiter ce que les salafistes réalisent à une échelle sociale de plus en plus étendue. Combien de ces “antifas” plus ou moins écologisés (comme on dit “alcoolisés”) sont-ils déjà des djihadistes qui s’ignorent [6] ?
Tout serait toujours de la faute de l’Occident
Après les débâcles historiques sans équivalent du socialisme, de l’anti-impérialisme, du tiers-mondisme, le dernier grand hochet du gauchisme, l’anti-racisme illuminé est devenu l’alibi d’un chantage racial inversé. Il laisse transparaître ses objectifs ordinaires derrière son déguisement monomaniaque [7].
Les racialistes et islamistes de tout poil, militants d’une néo-colonisation contre l’Occident tout entier, ont retenu le noyau caractéristique du comportement marxiste-léniniste, qui consiste à se proclamer avocat et interprète privilégié d’un groupe déclaré “exploité”, “humilié” et de ce fait “victime sacrée”. Il s’agit de produire l’ombre de ce groupe pour l’instrumentaliser en la présentant comme l’incarnation d’un messie collectif. Ses membres auraient tous les droits, mais comme ils ne les utilisent guère, leurs représentants auto-proclamés considèrent qu’ils héritent de l’intégralité de ces droits fantasmatiques.
Leur agitation se résume à un slogan : quoi qu’il arrive, et avant même de savoir de quoi il retourne, il faut partir du principe que tout “est de la faute de l’Occident”, censé pourtant ne pas même exister en tant que civilisation. L’imbécillité du christianisme parvenu au dernier stade de sa dégénérescence vient au secours de cette forfaiture : tout “vrai chrétien” devrait se sentir directement responsable et coupable de toute l’injustice du monde [8] ! Comment les militants de l’islam guerrier ne jubileraient-ils pas, eux qui se considèrent innocents de tout, et qu’aucun repentir sincère n’effleure jamais ?
Les guerres des “races”, des “sexes”, etc., remplacent la figure décomposée de l’ancienne lutte des classes, tout se déployant selon les mêmes techniques propagandistes spécialisées. Ces néo-militants d’avant-garde auto-proclamée d’un milieu qu’ils rêvent “opprimé”, ne dénoncent une conspiration que pour justifier toutes leurs entreprises de contre-conspirations. La banalisation de ce genre d’escroquerie montre à quel point notion de “classe sociale” (et donc de lutte de classe comme “moteur de l’histoire”) est aussi inconsistante que celle de “race”. Il est significatif que les marxistes l’aient reprise de penseurs libéraux comme Guizot. Marxistes et libéraux partagent depuis toujours le même substrat métaphysique [9].
Sinistres calculs des tiers-mondialiseurs
Le fossé entre le pays réel et le pays formel, déjà latent dans les années 1970, devient le trait déterminant de la situation. Mais cette fracture ne s’est pas développée à l’initiative de la base de la société. Ce sont les couches régnantes et dominantes qui ont décidé de se séparer de la nation, dans le but de la remplacer par un conglomérat pulvérulent d’atomes interchangeables. Comme l’a formulé en confidence un Attali, une arrière-pensée habite la Haute-Administration, qui se sépare là des pôles oligarchiques compradores, disposés à abandonner le navire si les choses tournent mal. Les technocrates français s’efforcent depuis les années 1970, alors même qu’il n’y avait nulle stagnation démographique, d’enfourner dans le pays le plus grand nombre possible d’immigrants dans l’espoir de recouvrer l’ascendant sur l’État-nation allemand pour retrouver une hégémonie sur l’Europe occidentale et centrale. Et ce sont les mêmes qui prétendent impudemment traquer les ombres de nationalisme !
L’effet de cette injection continue de populations extra-européennes depuis plus de 50 ans a dévasté le métabolisme social de la société française. La conflictualité politico-sociale qui animait son dynamisme paradoxal depuis 1789 a disparu au profit de psychodrames de plus en plus sinistres. La conviction que la grande masse des immigrants d’outre-méditerranée deviendront des Occidentaux productifs, même s’ils s’y refusent, relève de ces calculs faillis d’avance dont les technocrates ont le secret [10].
Par un effet en retour discret, mais insistant depuis une trentaine d’années, la société française a cessé de produire des partis et s’abstient même de les reproduire. Ceux-ci, réduits à l’état de fantômes de plus en plus informes depuis une quinzaine d’années, ont implosé en 2017, tandis que la Haute-Administration saisissait l’occasion pour prendre directement en main la “représentation politique” avec l’opération Macron du printemps 2017. Même sa “République en Marche” demeure un parti virtuel et à durée limitée, chargé d’esquisser une apparence de basculement politique pour conjurer localement le sursaut latent qui hante la plupart des sociétés occidentales. Les institutions continuent de se vider de leur substance derrière la façade clinquante d’un renouveau strictement publicitaire.
L’étrange apesanteur de la situation demeure donc, d’autant que les syndicats, les journaux, les radios et les chaînes de télévisions, sont eux-mêmes des spectres dépendant davantage de subventions que de leur activité propre. La pieuvre médiatico-politique, ce syndicat mafieux qui entretient les leviers dominants de propagande, en contreventant leurs divers débris, constitue le seul parti de l’influence, bien qu’il soit dépourvu de stratégie. Il ne sait mettre en œuvre que des opérations de court terme, à répétition. L’ironie de la situation est que ce secteur d’activité spécialisé persiste à jeter les lambeaux de partis politiques les uns contre les autres, aggravant ainsi leur usure. La mésaventure si prévisible du groupuscule de Mélenchon, aimablement promu tout au long de l’été 2017 pour démontrer la capacité de nuisance de la pieuvre vis-à-vis de Macron, et ensuite abandonné à une impuissance ridicule, relève de ces procédés ordinaires. Mais dans quelle mesure la mise à distance de la pieuvre par le pouvoir macronien sera-t-elle tenable ? Le rapport conflictuel permanent entre Trump et l’appareil médiatico-politique aux États-Unis montre qu’il y a là une question cruciale : ces accrochages, où les pieuvres médiatico-politiques non étasuniennes se sentent étrangement tenues de prendre parti, sont significatifs d’un dérèglement nouveau dans les institutions des Républiques occidentales. Celui-ci ne se laisse pas encore élucider, bien qu’il exprime une aggravation de la crise institutionnelle de ces Républiques.
L’islam, seul allié des prédateurs sexuels ?
L’indignation devant les prédateurs sexuels, ces principaux bénéficiaires cyniques de la “libération sexuelle” depuis les années 1960, a brusquement mis en porte-à-faux le rôle d’Hollywood, la centrale majeure du gauchisme culturel étasunien. Weinstein, son roi sans couronne qui orientait les financements politiques émanant de la faune du divertissement industrialisé vers la clique de Clinton, s’est instantanément trouvé destitué [11]. Ses vertueux et tardifs dénonciateurs et dénonciatrices n’ont même pas pu tenter de prétendre, comme Khrouchtchev en 1956 pour Staline, que tout le mal venait d’abord d’un homme. Les prédateurs sont issus en premier lieu de l’industrie qui simule l’art dans la fabrication en série du divertissement de masse. Pour ces gens, le sexe est devenu un substitut de religion, et cette attitude est reproduite par les détenteurs cyniques de positions de pouvoir un peu partout, jusque dans les milieux militants comme le syndicat étudiant résiduel UNEF ou les débris des “Jeunesses Communistes”. Ce caractère diffus, souligné par les dénonciatrices tout à coup très actives, n’a pas permis de circonscrire l’indignation, qui a pris comme un feu de brousse dans la sphère de l’industrie culturelle et des diverses pieuvres médiatiques. Cette affaire a d’abord ceci de remarquable qu’elle met à découvert le procédé dont vit la gent multi- ou gaucho-culturelle : pousser les libertés occidentales à son profit jusqu’au point où leur logique est renversée de façon irréversible. Cette faune a pour passion fondamentale de consommer et de consumer ces libertés, ce qui constitue un syndrome de décomposition particulièrement avancée. Pour se mettre à l’abri des conséquences, cette faune pratique la fuite en avant en s’efforçant de propager la désagrégation dans toute la société. Application de ce principe, le harcèlement diffus et quotidien que subissent tant de femmes a été souligné avec une grande véhémence, tout en taisant certaines évidences cruciales : il importait de laisser dans l’ombre le fait que, sur notre continent, ce sont surtout des extra-Européens qui sont à l’origine de cette pression écrasante dans l’espace “public” et notamment des agressions les plus brutales. L’archipel de la charia regroupe les territoires où les femmes sont réduites à des ombres.
En se montrant solidaires d’un Tarik Ramadan, visé par les plaintes de plusieurs femmes, les vétérans stalino-gauchistes Plenel et Morin [12] ont réaffirmé leur vocation de robots idéologiques. Ils ont tenté d’exonérer par avance toute la frange activiste islamiste et même le rouleau compresseur des mœurs misogynes caractérisant les milieux musulmans. Charlie-Hebdo s’étant montré très logiquement ironique, sans état d’âme aucun, envers ce Tariq Ramadan qui se prend pour un prophète [13], Plenel a aussitôt accusé cet hebdomadaire d’avoir “déclaré la guerre aux musulmans”, cautionnant ainsi le nouveau tsunami d’appels au meurtre contre cette rédaction déjà anéantie en janvier 2015. Le tollé a été tel que ce trotskiste impénitent a feint un recul tactique, le 30 novembre 2017, grâce à une mise en scène soigneusement agencée avec un interviewer complaisant, l’inénarrable Bourdin, un des piliers de la pieuvre médiatique, qui s’efforce de conjuguer sa vocation d’inquisiteur à une juteuse carrière de manipulateur dans l’industrie médiatique. En organisant cette reculade énoncée du bout des lèvres, la mafia médiatico-politique tenait à montrer qu’elle saurait tenir son rôle de vigilance mentale, tout en offrant une porte de sortie au premier inquisiteur de la police de la pensée. Cette pieuvre a une fois de plus confirmé sa maîtrise du faux-semblant industrialisé.
Les femmes d’Occident et d’ailleurs doivent de toute façon se hâter d’agir en documentant leurs accusations, sinon leurs dénonciations prennent l’allure de procès en sorcellerie à valeur parfois très rétroactive, puisque certaines vont jusqu’à porter des accusations pour des phrases censées remonter à 30 ou 40 ans. S’agit-il d’une “aube nouvelle” comme l’a proclamé une prêtresse de l’industrie du divertissement étasunien [14] ? Pour les États-Unis, nous verrons, mais pour l’Europe occidentale, il s’agit plutôt d’un chant du cygne paradoxal du féminisme, sur fond d’hystérie médiatico-politicienne.
Les femmes du continent européen peuvent en effet, pour le moment, recourir aux lois spécifiquement occidentales, mais leur avenir s’assombrit si vite ! Sous le régime de la charia, une femme violée qui porte plainte est traînée devant les tribunaux et condamnée pour “prostitution” tandis que toute femme non musulmane peut être réduite par n’importe quel musulman à l’esclavage sexuel ou au mariage forcé, avec conversion obligatoire, comme cela se produit chaque année pour des centaines de femmes coptes en Egypte [15]. Le sort de T. Ramadan sera là symbolique. S’il bénéficiait de l’immunité, les prédateurs percevraient cela comme un encouragement décisif.
Le stalino-gauchisme n’abdique jamais
Le nombre, les méthodes et la position sociale des sectateurs de la religion politique dominante, en ses deux avatars nord-américain et européen, sont tels que leur capacité de nuisance demeure considérable, comme l’attestent d’autres aspects inquiétants de la réalité courante.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a condamné Radio-Courtoisie à une forte amende pour “propos discriminatoires”, sans d’ailleurs daigner préciser quelles paroles auraient été “fautives”. Il s’agirait de jugements critiques sur l’islam, qui tombent automatiquement dans la catégorie du crime imaginaire d’“islamophobie” Ce dispositif vise à rendre impossible toute analyse générale sur l’islam et l’islamisme.
Ce CSA a agi à l’instar de divers juges “rouges” qui rendent leurs verdicts comme s’ils faisaient déjà partie d’une structure judiciaire islamique en s’alignant sur les desiderata des Frères musulmans, comme le montre la condamnation de cinq “Identitaires” parmi ceux qui avaient occupé pacifiquement en 2012 un chantier de mosquée à Poitiers, à un an de prison avec sursis et 40 000 euros d’amende, sans compter une privation de droits civiques de cinq ans. Mais quels droits civiques reste-t-il aujourd’hui aux Occidentaux qui osent faire preuve d’esprit critique [16] ? Il va de soi que les saccages d’églises ne sont jamais poursuivis quand ils s’agit de “jeunes” musulmans, dont l’immunité atteste de leur statut de plus en plus privilégié [17].
On est en présence d’un véritable chapelet de petits procès de Moscou qui s’enrichit d’années en années, les magistrats de la gauche fondamentale s’attachant à noyauter l’institution judiciaire et à la rendre soviéto-islamique. Ils n’ont pas encore les moyens de contraindre les accusés aux aveux forcés, mais les volontaires islamistes se tiennent à disposition.
De telles mesures contre des milieux qualifiés abusivement de droite “potentiellement” extrême, alors que toute la droite historique s’est évaporée depuis 40 ans, constituent des précédents destinés à servir contre la grande masse des Occidentaux, afin d’institutionnaliser la répression islamiste et de préparer l’hégémonie des sectateurs de la charia [18].
Orwell aurait décrit avec férocité cette cristallisation régressive où se forment des instances typiques d’un État despotique et parasitaire à l’intérieur de ce qui ose encore se proclamer “État de droit”. Son élasticité envahissante efface progressivement les frontières avec le totalitarisme contemporain de référence, l’islamisme. Macron envisage même de fonder un “ministère de la vérité” qui sanctionnerait les informations jugées “factices”, c’est-à-dire n’ayant pas reçu l’imprimatur de la falsification officielle. La pieuvre médiatico-politique jubile, tant elle aspire à détenir enfin le monopole de l’information trafiquée sans réplique [19].
L’objectif de l’ensemble des couches régnantes et de leurs mercenaires gauchistes culturels est de rendre la critique de l’islam aussi périlleuse pour ses auteurs que l’était la dissidence vis-à-vis du IVe monothéisme, “marxiste-léniniste”, en Union soviétique, ou vis-à-vis du national-socialisme sous le IIIe Reich.
La figure de l’“ennemi du peuple” se représente sous celle d’“ennemi du genre humain”. Les héritiers du stalino-gauchisme n’ont qu’une échappatoire devant l’effondrement de toutes leurs utopies, en réaliser une version résiduelle, symbolisée par la seule destruction de l’Occident, quitte à préparer soigneusement le terrain aux zombies issus de l’Orient. Ceux-ci, à l’instar de tant de gardiens de camp nationaux-socialistes ou marxistes-léninistes, sont déjà morts et ont pour ambition de réduire les autres à leur propre image, celle de cadavres. Un tel signal est instinctivement reconnu avec une sympathie infinie par le cerveau reptilien des gauchistes culturels. En-deçà même de la “conscience”, par leurs postures et leurs méfaits, les millénaristes parlent aux millénaristes.
Paris, le 13 avril 2018
Finkielkraut évoque Malraux Les insuffisances de la dissidence d’A. Finkielkraut sont considérables. Non seulement il est étrangement faible sur Macron mais il est si perturbé par l’expression “grand remplacement” qu’il se refuse à analyser les logiques de Saint-Barthélemy qui se préparent à l’ombre de ce processus. Il s’est cependant attiré une fois de plus la détestation du petit personnel de la gauche fondamentale en rappelant les artifices para-religieux dont le gauchisme culturel a hérité. Il lui a suffit de faire référence à une conférence d’A. Malraux de 1948 (et publiée en postface au roman Les Conquérants). Pour un gauchiste culturel, comme pour un stalinien historique, il s’agit toujours de :
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